Industrie : le rebond de mai n'annonce pas la reprise

La sortie de crise pointe-t-elle son nez ? Certes, le rebond de 2,6 % de la production industrielle observé en mai par l'Insee devrait apporter un peu de baume au c?ur au gouvernement. Un rebond d'autant plus remarquable qu'il concerne quasiment toutes les filières de la production manufacturière et en particulier le secteur automobile dont l'activité a bondi de 11,6 % en mai. « Toutefois, il faut être clair, le terme qui convient aujourd'hui est bien ?rebond? et non ?reprise? », explique Alexander Law chez Xerfi. De fait, la tendance de fond reste particulièrement mauvaise. Si l'on compare les trois derniers mois à la même période de 2008, « l'activité industrielle reste catastrophique à ? 16,3 %. Surtout, les enquêtes d'opinion suggèrent que la production avait tellement reculé qu'elle ne pouvait que progresser », poursuit Alexander Law.Ce rebond est-il durable ? Tout dépendra de la vigueur des économies voisines de la France et du maintien au niveau actuel des prix de l'énergie et de la parité euro-dollar. Il dépendra également de la poursuite ou de l'arrêt des mesures sectorielles de soutien gouvernementales. Hier, sur l'antenne d'Europe 1, Carlos Ghosn, le président-directeur général de Renault, a bien indiqué que le rebond actuel du secteur automobile reposait en grande partie sur la mise en place de la prime à la casse en France et dans un certain nombre de pays européens. Un arrêt de cette mesure, dont le coût estimé pour les finances publiques de la France varie entre 400 et 600 millions d'euros, aurait selon lui des conséquences très négatives sur le secteur.rouge clairEst-il la traduction des premiers effets du plan de relance français mais également des mesures de soutien à l'économie lancés dans les pays voisins de la France et aux États-Unis ? Dans l'entourage de Christine Lagarde, on écarte cette hypothèse, estimant que les effets des plans de relance seront surtout visibles au cours du second semestre. « L'action publique n'est pour l'instant visible que dans le secteur automobile avec la prime à la casse », précise-t-on à Bercy. Au regard de ces commentaires, il est donc plutôt risqué de voir en ce chiffre une preuve tangible du redémarrage de l'activité industrielle et de l'économie dans sa globalité.C'est une moindre dégradation, voire une stabilisation de l'activité qui se profile au second semestre et en 2010, les clignotants de l'économie passant du rouge foncé au rouge clair. Selon Mathilde Lemoine, chez HSBC France, les destructions d'emplois devraient se poursuivre jusqu'à la fin de l'année 2010 et pèseraient à la fois sur la consommation des ménages et sur la demande de logements. L'investissement des entreprises serait également atone, celles-ci préférant se désendetter plutôt que de dynamiser leur appareil productif. « Quant aux investissements publics supplémentaires décidés dans le cadre du plan de relance, ils ne permettront pas de retrouver rapidement notre potentiel de croissance compte tenu de l'ampleur du processus d'ajustement. Le PIB pourrait donc continuer de reculer de 0,4 % en 2010 après une chute de 2,8 % en 2009 », estime-t-elle.
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