Le transport aérien européen appelle Bruxelles à l'aide

Pas d'aides d'État, au moins pour le moment, mais des mesures pour les aider à surmonter la crise. C'est ce que va demander une grande partie des compagnies aériennes européennes. Selon nos informations, l'Association des compagnies aériennes européennes (AEA) qui regroupe la totalité des transporteurs traditionnels, comme Air France-KLM, British Airways, Lufthansa (mais pas les low-cost) entend proposer à la Commission européenne d'ici à fin mars trois ou quatre mesures concrètes et ciblées. Interrogée, l'AEA a confirmé, précisant qu'à la demande de Bruxelles elle étudiait une quinzaine de mesures. Cela en évitant qu'elles nécessitent l'élaboration d'une directive, un processus toujours très long.Le report à 2010 ou 2011 de l'introduction de nouvelles taxes prévues en fait partie. Mais aussi la demande d'un moratoire sur les créneaux horaires de décollages et d'atterrissages. Objectif : pouvoir réduire les capacités sans prendre le risque de perdre les précieux créneaux. La mesure est cruciale. Elle permettrait aux transporteurs européens de baisser plus fortement leur capacité, et de répondre ainsi à la chute du trafic et des coefficients d'occupation, qui tirent les prix vers le bas. Le règlement européen actuel les en empêche. Il les pousse même à faire voler les avions à vide ! Car tout créneau horaire non utilisé à 80 % par rapport à la saison précédente doit être restitué, et rendu à la concurrence. Beaucoup préfèrent les conserver pour en bénéficier au moment de la reprise de l'activité.Un tel moratoire, qui avait été mis en place après le 11 septembre 2001 puis en 2003 avec l'épidémie de Sras, serait une vraie bouffée d'oxygène pour les compagnies européennes. « À l'inverse de 2001, les compagnies américaines ont réduit très rapidement leur offre (près de 500 avions sont sortis des flottes) par rapport aux européennes », constatait à l'automne le PDG d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, qui redoutait que « le transport aérien européen ne le paie lourdement à l'avenir ». Le règlement européen sur les créneaux explique en grande partie la différence de stratégie. Aux États-Unis, plus que les créneaux, c'est la pénurie de portes d'embarquement qui pose problème.consensusPour proposer ce moratoire à Bruxelles, l'AEA serait sur le point d'obtenir un consensus de la part de ses membres. Reste à voir l'attitude des low-cost et de certains aéroports. Seront-ils tous sur la même longueur d'ondes. Pas sûr. La protection des créneaux peut empêcher certains transporteurs d'accéder naturellement à des marchés aujourd'hui fermés. En attendant, pour l'AEA, la vraie question concerne le « timing » de la requête. Car en fonction de l'acuité de la crise, elle prévoirait des mesures différentes. « Si la crise est plus dure que prévu, on peut passer au palier 2 avec des mesures plus spectaculaires, voire à un palier 3 », explique un proche du dossier. Des aides d'État que se sont toujours refusé de demander la plupart des membres, pourraient figurer dans ce dernier palier, un cas extrême , synonyme de chaos. n
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