Les actionnaires de Fortis refusent le rachat par BNP Paribas

Les actionnaires de Fortis avaient arraché le droit de se prononcer sur le sort de leur groupe. Ils en ont fait usage pour administrer un camouflet à son conseil d'administration et à leurs dirigeants politiques en votant « non » aux résolutions qui leur étaient soumises. Non à la vente au gouvernement néerlandais des activités aux Pays-Bas. Non à la nationalisation de Fortis Banque. L'État belge ne contrôlant plus alors la totalité de Fortis Banque, la troisième résolution concernant l'opération entre Fortis et BNP Paribas tombait d'elle-même. Elle n'a même pas été soumise au vote.Les experts juridiques qui présidaient la séance ont peiné à mener cinq heures de débats houleux. « Vendus, vendus? », a-t-on même entendu scander à leur adresse. « Si nous votons ?oui?, nous ramenons un peu de valeur, mais pas plus de 2 euros par action. Il vaut mieux jouer à quitte ou double », assurait un actionnaire. Mais les adversaires de l'opération franco-belge n'ont pas hésité à faire également vibrer la fibre nationale devant les 5.000 actionnaires présents. « Voter non, c'est défendre son honneur quand on voit l'arrogance et le mépris avec lequel M. Prot considère les Belges. C'est honteux », s'est par exemple exclamé Francis Prégardien, représentant de l'Adaf, une association d'actionnaires.Les défenseurs du « oui », eux, étaient à la peine. « Soyons pratiques, belges, avec un peu de bon sens. Certes, nous avons beaucoup perdu mais, à vouloir tout récupérer, ne risquons-nous pas de perdre plus et nous embarquer dans une ronde de procès coûteux et sans fin ? Ce serait lâcher la proie pour l'ombre », a tenté de convaincre l'un d'eux.En définitive, la nationalisation de Fortis Banque aura été repoussée par 50,26 % des 500 millions de votes exprimés. Rapporté aux plus de 2 milliards d'actions, cette très courte majorité ne représente donc qu'une infime fraction de l'actionnariat. L'ultime man?uvre des partisans du « oui » a peut-être fait basculer le vote. Hier matin, les actionnaires apprenaient en effet dans la presse que Fortis Banque demandait in extremis d'exercer les votes attachés à ses 125 millions de titres du holding. Le but aurait été de contrebalancer le vote négatif de l'actionnaire chinois Ping An. Mais cette demande juridiquement contestable sera finalement retirée? dix minutes avant le vote. « J'étais venu pour faire un acte civique en votant ?oui? mais cette manipulation de dernière minute, du type de celles qui avaient entraîné la démission du Premier ministre en décembre, a ruiné toute votre crédibilit頻, a lancé un actionnaire sous les applaudissements.sauver fortis L'État belge n'est donc plus actionnaire à 100 % de Fortis Banque. Cependant un accord entre le holding et celui-ci, ou une décision de justice, est nécessaire pour dénouer l'opération. Et le rachat des 50 % à 4,7 milliards par le holding ne semble pas recommandé par les meneurs des minoritaires, les cabinets Deminor et Modrikamen. Ils veulent à présent contraindre le gouvernement à négocier avec eux les conditions du sauvetage de Fortis, y compris le financement d'un véhicule de 10 milliards pour les actifs toxiques. Quant à l'alliance avec BNP, elle reste en théorie possible et même souhaitée par certains mais à d'autres conditions que celles prévues en octobre quand l'action du groupe français cotait 68 euros contre 25 aujourd'hui. n50,26 % des 500 millions de votes exprimés en faveur du « non ».
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