Le tourisme européen joue la carte du nationalisme

Le salon ITB, plus grande foire touristique mondiale avec 11.000 exposants, a démarré hier à Berlin dans une ambiance de repli sur le marché domestique. « Les grands tour-opérateurs ont démarré la saison sur des volumes de réservations en recul de 10 % à 15 % », reconnaît Klaus Laepple, président de la fédération allemande du voyage. Les contingents hôteliers et les capacités de transport ont été revus à la baisse, notamment vers la Méditerranée et en long-courrier. Air Berlin, deuxième transporteur national derrière Lufthansa, songe même à céder sa division long-courrier issue de la consolidation, en 2007, des programmes charters de LTU.Karl-Theodor zu Guttemberg, ministre fédéral de l'Économie, a mis les opérateurs en garde contre ces « tendances protectionnistes ». Premier pourvoyeur mondial de touristes, avec 61,5 milliards d'euros de dépenses (+ 8 % en 2008), l'Allemagne voit ses offices locaux recentrer leurs efforts sur la clientèle domestique, dans tous les segments du marché. La Bavière s'est alliée à Audi pour des opérations de promotion séduisantes, où les clients peuvent circuler d'un hôtel à l'autre au volant des voitures prêtées par le constructeur. La Ruhr, capitale européenne de la culture en 2010, attend 20 % de nuitées en plus, générées par des Allemands et des touristes du Benelux. La même tendance s'observe chez Maison de la France, qui coordonne la promotion de quatre régions frontalières, de Paris et de la Côte d'Azur, pour attirer les Allemands en courts séjours. « Les gagnants pourraient être les gîtes et l'hôtellerie indépendante », estime Nicolas Boutaud, son directeur du marketing. Mais le groupement des Logis (3.000 hôtels et restaurants) s'attend, lui, à la fragilisation de certaines exploitations familiales avec le recul de la clientèle internationale, « heureusement compensée par la baisse de la TVA », selon sa porte-parole Marie-Xavière Hocquemiller. concentrationsSurpris par la crise et soucieux de sauver leur saison, les grands opérateurs allemands rognent sur leurs marges (meilleures commissions aux vendeurs, gratuités pour les enfants) et s'orientent vers une nouvelle vague de concentrations. Rewe, numéro 3 national, s'est dit intéressé par la reprise de Thomas Cook, le numéro 2, que le groupe Arcandor (KarstadtQuelle) céderait pour accéder à des liquidités. L'ensemble ainsi formé ferait jeu égal avec le leader TUI (22 % du marché). Affecté par la baisse des réservations, ce dernier va proposer du chômage partiel à 1.600 salariés. n Surpris par la crise et soucieux de sauver leur saison, les grands opérateurs allemands rognent sur leurs marges.
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