Universités  : le chef de l'état se dit prêt à « ajuster » ses réformes

Plus de souplesse. Tel pourrait être le nouveau mot d'ordre à l'Élysée à propos des réformes en cours dans l'enseignement supérieur et la recherche. Hier, alors que 30.000 à 60.000 personnes, selon les sources, manifestaient en France contre ces réformes, le chef de l'État recevait à déjeuner seize chercheurs et enseignants-chercheurs (présidents d'université, jeunes lauréats, etc.). « L'objectif était de prendre la température de la rue avec des interlocuteurs sélectionnés », a ironisé à la sortie Caroline Nore, enseignant-chercheur à l'université Paris-Sud XI.Évaluation, réforme du statut (décret de 1984), autonomie des universités ont été abordées de manière « ouverte ». Les participants ont pu exprimer leurs inquiétudes : si la loi sur l'autonomie des universités est en place, « les décrets d'application posent problème ». Quant aux organismes de recherche, dont le sort n'a pas été abordé, leur fonctionnement doit être « fluidifi頻, a plaidé Sacha Brun, jeune astrophysicien du CEA. Bref, il y a consensus sur les besoins de réforme mais la méthode et le tempo ne passent pas. Selon les participants, Nicolas Sarkozy a répété « sa détermination à mener ses réformes », mais semble enclin à des « ajustements », des « adaptations ». « S'il y a des points à régler, on le fera. » L'idée est de rendre souple la réforme, de chercher des points de passage.ConcertationDe fait, le gouvernement, pressé par la rue, lâche petit à petit du lest, obligé de faire place à la concertation « a posteriori », note Florence Hachez-Leroy, enseignant-chercheur à l'université d'Artois. Les négociations sur le décret réformant le statut des enseignants-chercheurs, entamées in extremis alors que le texte était déjà au Conseil d'État, ont notamment conduit à de larges concessions, voire à un statu quo sur certains points (promotions). Les suppressions de postes ont été gelées pour 2010 et 2011 et celles de 2009 seront intégralement compensées financièrement (coût : 12 millions d'euros).Enfin, la réunion sur le contrat doctoral unique (CDU), mardi, a conduit à un nouveau geste, même si le ministère préfère parler de « précisions ». Ce contrat de trois ans, qui doit remplacer allocations de recherche et monitorats et fournir un cadre juridique commun à tous les doctorants, ne sera assorti que d'une période d'essai de deux mois, et non trois renouvelables, comme prévu. « Et cette période est non obligatoire », précise-t-on rue Descartes. Par ailleurs, une commission ad hoc de recours sera créée dans chaque établissement. Mais la mobilisation continue, comme l'attestent les manifestations d'hier, la quarantaine d'universités bloquées ou encore la démission collective, remise aujourd'hui, des enseignants-chercheurs de l'université de Provence (Aix-Marseille I). Valérie Pécresse et surtout Xavier Darcos sont attendus sur la réforme de la formation des enseignants, dont toute la communauté éducative réclame le report d'un an. Une réponse est prévue cette semaine. Clarisse Jay
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.