Le gendarme de la planète

Si le général de Gaulle a traité l'ONU de « machin », l'Otan ne lui plaisait guère plus. Au début des années 1960, face à une éventuelle menace soviétique, la France décide de se doter d'un arsenal nucléaire de dissuasion propre. Jalouse de sa liberté en termes de choix stratégiques, elle n'entend pas partager ses décisions avec les autres membres de l'organisation, créée au sortir de la guerre, le 4 avril 1949, dans le but de préserver la liberté et la sécurité de ses membres. Le 7 mars 1966, le général de Gaulle annonce au président américain Johnson que la France a pris la décision de recouvrer l'exercice de sa souveraineté sur son sol et de retirer ses forces de commandements intégrées à l'Otan. Toutes les forces de l'Otan qui n'étaient pas françaises quittent le territoire français. De même, le siège, qui se situait dans les environs de Paris, est déménagé en Belgique.De 12 membres au départ (dont le Canada, la France, l'Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis), l'organisation s'est progressivement élargie au point de quasi doubler. Deux autres pays, l'Albanie et la Croatie, devraient y adhérer cette année. Bref, l'idée est de réunir le monde entier sous une même bannière ? même si la Russie voit par exemple d'un mauvais ?il une inclusion éventuelle de deux de ses anciens satellites, la Géorgie et l'Ukraine? Avec une telle assemblée, la gageure pour l'Otan, qui emploie 5.500 personnes dans ses différents centres (dont 380 militaires à Bruxelles), est de prendre des décisions rapides et efficaces? Autour du secrétaire général (actuellement le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer, dont le mandat de cinq ans arrive à échéance en juillet prochain) se trouvent d'une part, les ambassadeurs permanents, et de l'autre, les représentants militaires des nations membres. Ce sont eux qui, au sein des comités ? défense générale, nucléaire, comité militaire auquel est rattaché le commandement stratégique ? prennent les décisions au cours de forums de discussions. Et ça fonctionne? En Afghanistan, ses troupes (56.420 hommes) affrontent Al-Qaida et les talibans, et tentent de limiter les activités des seigneurs de l'opium. Au Kosovo, la Kfor gère depuis 1999 les remous postindépendance de l'ancien protectorat de Belgrade : les effectifs ont été réduits de 50.000 à 15.435 personnes. En Irak, la mission de formation de l'Otan (quelques centaines de personnes) s'ingénie à limiter la violence aux côtés de la police locale et en Bosnie, elle traque les criminels de guerre. Enfin, l'Otan est présente en Méditerranée à travers l'opération « Endeavor » pour parer aux menaces terroristes. L'Otan a un budget civil, un budget militaire et un programme d'investissements dans la sécurité (radars, ports, oléoducs). Ce sont évidemment les membres qui apportent leur écot au budget total (1.876 milliards d'euros en 2007). Les contributions sont calculées selon certains critères, tels que le PIB par tête. Avec l'arrivée de nouveaux membres ces dernières années, la contribution américaine a mécaniquement baissé, mais représentait encore 25,3 % du total en 2007. Lysiane J. Baudu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.