Le Club Med creuse ses pertes mais reste confiant

Habituellement souriant et convivial, Henri Giscard d'Estaing, président du Club Méditerranéeerranée, était visiblement nerveux hier matin lors de la présentation aux analystes et à la presse des comptes semestriels de l'entreprise. Il est vrai que, cinq ans après sa mise en place, la stratégie de montée en gamme ne se traduit toujours pas dans les résultats. Au premier semestre (clos au 30 avril), qui couvre la saison hiver, les pertes nettes ont plus que doublé pour s'établir à 22 millions d'euros. Et la seconde moitié de l'exercice ne s'annonce pas bien puisque le carnet de réservations pour l'été est en baisse de 18,3 % par rapport à l'an passé à la même époque.Au cours de sa présentation, Henri Giscard d'Estaing a eu à c?ur de démonter une à une les critiques soulevées ces dernières semaines par Bernard Tapie. Il a notamment réaffirmé que la montée en gamme, décidée en 2003, était la seule stratégie possible. Sur le papier, cette montée en gamme semblait de fait parée de toutes les vertus. Une légère hausse des coûts devait permettre de vendre les séjours beaucoup plus chers et dégager des marges plus confortables. « Chaque passage d'un village à un niveau de Trident supérieur se traduit par une hausse de 20 % des prix de vente », explique Michel Wolfovski, le numéro deux du Club Med. En réalité, le Club s'est attelé à un travail de titans qui a nécessité d'investir 700 millions d'euros en cinq ans (dont 600 millions apportés par le Club et 100 millions par d'autres investisseurs) dans la rénovation des villages. Après cet effort, 40 % des capacités restent classées en 2 et 3 Tridents.substitution de clientèlePour faire face à ce programme d'investissements, de nombreux actifs immobiliers et des participations jugées non stratégiques, telles que Jet Tours et Club Med Gym, ont été cédés au fil des ans. Les plus-values ainsi réalisées ont permis aux comptes annuels d'évoluer ces dernières années autour de l'équilibre. Un programme de 100 millions d'euros de cessions est annoncé pour 2009 et 2010. Le Club vend des murs de sites dont il conserve l'exploitation au travers des contrats de location (un village à la montagne sera vendu le mois prochain pour 11 millions d'euros). Malheureusement, les loyers sont ensuite indexés sur l'indice de la construction qui a connu une forte hausse au lieu, comme c'est souvent le cas dans l'hôtellerie, d'être corrélé à l'activité. Sur les six premiers mois de 2009, le résultat immobilier est négatif de 20 millions, contre une perte de 9 millions d'euros un an plus tôt. Hier, le Club a annoncé qu'il ne renoncerait pas à ses contrats avant 2012, car il prend le pari d'une baisse d'ici là de l'indice de référence.La montée en gamme a entraîné, comme prévu, une substitution de clientèle. Cet hiver, le Club a perdu 39.000 clients, c'est-à-dire que le nombre de clients qui s'en détournent reste plus fort que celui des nouveaux conquis. Dans ces conditions, Henri Giscard d'Estaing risque de ne pas pouvoir à court terme annoncer la montée en gamme de ses résultats.
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