Industrie pharmaceutique et laboratoires publics apprennent à travailler ensemble

Je m'engage aujourd'hui à faire en sorte que les industries de santé deviennent un axe majeur de la compétitivité en France. » Le 5 juin, Nicolas Sarkozy a appelé à « une coopération plus étroite entre recherches publique et privée » devant des représentants de grands laboratoires privés et publics (Inserm, CNRS, CEA) réunis pour la première fois par le LIR (Laboratoires internationaux de recherche, un think tank qui regroupe 13 laboratoires étrangers implantés en France).Car une « méconnaissance réciproque » sépare encore ces deux mondes, constate Dominique Amory, président de Lilly France et du LIR. Or les industriels se trouvent aujourd'hui face à un défi : pallier la perte des brevets de leurs principales molécules, alors que les budgets sont souvent moindres et les pathologies à traiter plus complexes. De son côté, la recherche publique n'a pas toujours les moyens de transformer ses projets en médicaments. « Nous dépensons 4 à 5 fois plus pour la seule protection de notre propriété intellectuelle que l'enveloppe publique qui nous était allouée par l'Etat pour le transfert de technologie avant le passage à l'autonomie », indique Laurent Buisson, directeur général délégué pour la recherche et le transfert de technologie de l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPCM ? Paris VI).la « vallée de la mort »Par ailleurs, « les conditions de contractualisation sont difficiles car les laboratoires privés préfèrent souvent investir aux États-Unis », regrette le généticien Axel Kahn, président de Paris V-Descartes. Il y a surtout cette fameuse phase intermédiaire entre recherche fondamentale et essais cliniques, risquée, appelée « vallée de la mort », et dans laquelle la recherche privée rechigne à investir faute de « preuve de concept » et de rentabilité immédiate. Autre difficulté : « Nos responsables R&D internationaux reconnaissent qu'il y a de l'excellence en France, mais ne savent pas où la chercher », nuance Agnès Renard-Viard, directrice du LIR. Sans compter qu'il faut parfois six à douze mois pour contractualiser en France quand une dizaine de jours suffit aux États-Unis.Mais, nuance Cécile Tharaud, présidente d'Inserm Transfert, depuis peu, l'« open innovation » se concrétise : le transfert de technologie issu de la recherche publique se professionnalise et certains grands groupes n'hésitent pas à consacrer jusqu'à 50 % de leur budget R&D à nouer des partenariats stratégiques avec des laboratoires de biotechnologies. Nombre de grands projets partenariaux se développent (projet Descartes, plate-forme privé-public à l'étude chez Lilly?). Dans l'entourage de Valérie Pécresse, on rappelle aussi le doublement du crédit d'impôt recherche pour les projets partenariaux et le développement des doctorants conseils. La parution le 10 juin du décret qui instaure un mandataire unique pour la gestion des brevets publics va aussi simplifier les procédures, même si d'aucuns ont déjà pris les devants tels l'UPMC, le CNRS ou l'Inserm.
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