Le dollar pris d'assaut sur trois fronts

Après un spectaculaire rebond, le dollar a retrouvé le chemin de la baisse. Les espoirs de reprise économique, confirmés hier par la hausse de 0,5 % des ventes au détail aux États-Unis en mai, nourrissent un appétit pour le risque dont les investisseurs n'avaient plus fait preuve depuis le déclenchement de la crise des subprimes. Du coup, alors qu'il était remonté jusqu'à 1,38 pour 1 euro, le billet vert a reflué hier au plus bas dans les transactions, à plus de 1,41. Il se rapproche ainsi de son point-bas récent atteint début juin à 1,4335. En outre, la hausse des rendements américains à long terme qui l'avait un moment soutenu, en lui redonnant l'avantage face à l'euro, est en train de se transformer en handicap, jetant la suspicion sur tous les actifs libellés en dollars. Car cette tension obligataire est alimentée par la boulimie d'emprunts du Trésor américain. Le rendement des emprunts d'État à 10 ans a fait une incursion au-dessus du seuil critique de 4 % hier, juste avant l'adjudication de 11 milliards de dollars de T-bonds, les obligations à 30 ans du Trésor américain, alors que le déficit public se creuse inexorablement. Les émissions brutes de dette crèvent tous les plafonds : elles ont atteint 1.211 milliards de dollars sur les huit derniers mois et le Trésor a admis qu'il devrait encore emprunter 1.516 milliards d'ici à la fin de l'été. Autrefois placement le plus sûr du monde, recherché lorsque le mouvement de fuite vers la qualité avait atteint son zénith, le marché de la dette publique américaine se transforme peu à peu en investissement risqué. Le marché des bons du Trésor a cédé 6,5 % depuis le début de l'année, sa plus impressionnante contre-performance depuis que les grandes banques décomptent ce type de statistiques en 1978.croisade Le dollar enfin est attaqué sur un troisième front : il subit une offensive inédite des Bric, les quatre plus puissants pays émergents, qui monte en régime à mesure que s'approche la date de leur réunion, mardi prochain à Moscou. Entamée dans les jours précédant la réunion du G20 en avril dernier, cette croisade anti dollar rebondit de jour en jour. Hier, une semaine après l'annonce par la Chine de son intention de réduire son exposition au dollar et aux bons du Trésor américain, ce sont la Russie et le Brésil qui sont montés au créneau, rendant public un projet d'achat de 20 milliards de dollars d'obligations du FMI et un projet de diversification de leurs réserves de change, Pékin s'étant déjà porté acquéreur potentiel de 50 milliards de ces titres. Selon les estimations, la banque centrale russe détient au moins 140 milliards de dollars de bons du Trésor américains. L'Inde a fait officieusement savoir qu'elle était prête à se rallier au mouvement. Pour Alberto Ramos, économiste chez Goldman Sachs, il ne faut pas voir dans cette agitation un signe avant-coureur du déclin du rôle du dollar. L'objectif des Bric est avant tout de chercher à prouver qu'ils font partie du club des grands.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.