Une élection présidentielle clé pour l'Iran

oche-orientSi le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, n'est pas reconduit pour un second mandat, il le devra probablement davantage à bilan économique médiocre qu'à sa rhétorique anti-américaine ou à sa remise en cause de l'Holocauste. Pourtant, l'enjeu de l'élection présidentielle iranienne, dont le premier tour se déroule aujourd'hui, va bien au-delà des frontières de la République islamique. Le prochain président iranien décidera, pour partie, du retour ou non de l'Iran dans le concert des nations, le nouveau locataire de la Maison-Blanche étant ouvert à des négociations sans préalable avec le régime iranien. Les trois candidats se présentant contre Mahmoud Ahmadinejad sont favorables à une politique d'ouverture avec les États-Unis, le plus allant sur la question étant le candidat modéré Mirhossein Moussavi.Alors que la campagne ressemble de plus en plus à un duel entre le président sortant et Mirhossein Moussavi dont la popularité ne cesse de grimper ? un récent sondage le donne favori au premier tour ? Mahmoud Ahmadinejad a, ces derniers jours, durci le ton accusant ses rivaux de recourir à la calomnie. Les trois candidats lui reprochent d'avoir menti au peuple sur l'état de l'économie touchée par une inflation ? de l'ordre de 30 % ? et la chute des revenus pétroliers. « Personne n'a le droit d'insulter le président, et ils l'ont fait, a lancé mercredi Mahmoud Ahmadinejad lors d'un meeting électoral. C'est un délit. La personne qui a insulté le président devrait être punie. Et, le châtiment c'est la prison. »accusationLa semaine dernière, lors d'un débat télévisé, le même Mahmoud Ahmadinejad avait accusé de corruption les partisans de Moussavi, notamment l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani. Mirhossein Moussavi, qui fait campagne avec son épouse, reproche au président sortant l'isolement de l'Iran sur la scène internationale. Les programmes économiques demeurent en revanche assez flous. Moussavi, qui incarne l'espoir du changement notamment aux yeux des jeunes urbains, est en faveur d'une certaine libéralisation de l'économie tandis que l'ancien président du parlement Mehdi Karoubi propose, pour sa part, de distribuer à tous les Iraniens de plus de 18 ans une partie des revenus pétroliers.« Une victoire de Mirhossein Moussavi ne remettrait pas en cause le programme nucléaire iranien », met en garde Thierry Coville, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Principale pierre d'achoppement avec la communauté internationale qui soupçonne l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique, le programme nucléaire est un sujet très consensuel en Iran. De toute façon, la politique nucléaire tout comme la politique étrangère de la République islamique restent du ressort de l'ayatollah Khamenei.Si les États-Unis ont beaucoup à gagner de la coopération de l'Iran en Irak et en Afghanistan, une normalisation des relations présente « des risques pour l'Iran », met en garde International Crisis Group, une organisation de prévention des conflits. espoirL'Iran est un régime bicéphale où l'essentiel du pouvoir reste entre les mains des gardiens de la révolution. Les difficultés économiques du pays ont jusqu'ici été mises sur le dos des sanctions américaines. Tandis que les succès technologiques, notamment dans le domaine nucléaire, sont présentés comme des instruments de résistance contre l'Occident. En outre, un grand nombre d'Iraniens associent l'ébauche d'un dialogue avec les États-Unis avec l'espoir d'une certaine libéralisation de la société et pourraient saisir cette opportunité pour exercer des pressions en ce sens sur le régime.
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