Natixis a perdu 1 milliard d'euros sur les marchés

La malédiction boursière d'octobre s'acharne sur la galaxie des groupes Banque Populaire et Caisses d'Épargne. Alors que la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne (CNCE) a, sur ses activités de gestion pour compte propre en voie d'extinction depuis l'été, déjà perdu la bagatelle de 751 millions d'euros (une perte révélée par « La Tribune » dans son édition du 17 octobre), Natixis, sa banque de financement et d'investissement (BFI) codétenue (à parts égales soit 35 % chacun) avec le Groupe Banque Populaire, a selon nos informations englouti de son côté 975 millions d'euros sur les marchés en folie. Se réfugiant derrière l'interdiction de s'exprimer à la veille de la publication des résultats, des responsables et porte-parole de la banque interrogés hier par « La Tribune » se refusaient à tout commentaire.L'équipe dirigeante de Natixis dévoile demain les résultats du troisième trimestre 2008. Aussi cette perte, qui sera comptabilisée sur le quatrième trimestre puisque étant intervenue en octobre, risque d'être bien difficile à avouer. D'autant qu'elle ne manquerait pas d'être du plus mauvais effet sur les marchés. Une dure réalité qui n'a, semble-t-il, pas échappé aux dirigeants de Natixis qui, selon nos informations, dans la foulée de la présentation des résultats du troisième trimestre, s'apprêteraient à lancer un avertissement sur les résultats de Natixis pour le trimestre en cours.Cette opération vérité qui sera lancée demain est d'autant plus cruciale que, contrairement aux autres banques françaises ? du moins la Société Générale et BNP Paribas qui ont publié leurs comptes la semaine dernière ? Natixis aurait, toujours selon nos informations, décidé de tirer comptablement parti, dès ce troisième trimestre, de l'assouplissement des normes IFRS (International Financial Reporting Standards) consenti à la mi-octobre par l'IASB (International Accounting Standards Board). C'est d'ailleurs grâce à un tel artifice comptable, avec effet rétroactif au 1er juillet, que la très germanique Deutsche Bank a enjolivé son résultat trimestriel de 900 millions d'euros.responsabilité à établirComme la CNCE, Natixis présidée par Philippe Dupont, par ailleurs PDG du Groupe Banque Populaire, et dirigée par Dominique Ferrero, aurait essuyé cette lourde perte de 975 millions d'euros dans l'exercice de la gestion de ses activités dites pour « compte propre ». Comme à la CNCE, ce sont des opérations dites de « trading » qui lui auraient coûté cher. Mais à la différence de la CNCE, elles n'ont pas été pour l'essentiel concentrées sur les marchés d'actions. La perte aurait également été enregistrée sur les marchés de taux, voire sur les marchés des changes. Dans l'immédiat, l'histoire ne dit pas si, comme pour la CNCE, la responsabilité directe de ce trou financier est à mettre au compte d'une poignée de traders en contravention avec les règles fixées par leur hiérarchie. Mais ce qui paraît clair aujourd'hui c'est, qu'en application de la jurisprudence élyséenne sur la chaîne des responsabilités en pareille circonstance, née de l'affaire des Caisses d'Épargne, le directoire de Natixis risque logiquement d'en faire les frais. cette perte pourrait bien être fatale au directoire de Natixis.
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