Jean-Marie Poimboeuf  : « Nous avons sauvé DCNS »

Comment va se passer demain la succession??Le conseil d'administration propose au président de la République le nom du PDG de DCNS. La nomination sera confirmée par décret du chef de l'État. En attente du décret, le conseil le nomme délégué avec la responsabilité entière de la gestion du groupe. Nous préparons son arrivée de manière responsable et constructive.Vous aviez proposé le numéro deux de DCNS, Bernard Planchais, pour votre succession. Pensez-vous qu'un homme venant de l'extérieur est capable de piloter ce groupe?? Il y a eu un débat. C'est normal. Les actionnaires ont décidé. J'ai fait venir dans l'équipe dirigeante, que ce soit au comité exécutif, ou plus largement, parmi les 100 cadres dirigeants de DCNS, plus d'un tiers de personnes venant du privé. L'entreprise a besoin d'un flux permanent de nouvelles compétences avec un équilibre à trouver : conserver le savoir-faire de DCNS, compte tenu de la complexité et de la durée des programmes, et faire venir des compétences extérieures.Vous laissez un groupe en bonne santé économique. Quel est le bilan 2008??En termes de résultats opérationnel ou net et de chiffre d'affaires, DCNS sera proche du budget prévisionnel. Nous avions prévu de réaliser un chiffre d'affaires au-dessus de 2,6 milliards mais il sera légèrement en dessous. Nous n'avons pas obtenu le second porte-avions, qui devait générer quelques dizaines de millions d'euros.En termes de commandes??Les prises de commandes sont en deçà des prévisions. Nous avions prévu plus de 3 milliards de commandes. Elles s'élèveront à plus de 2 milliards, plus proche de 2 que de 3. Nous n'avons pas obtenu le PA2 et les commandes à l'export en Bulgarie et au Brésil, qui ne sera comptabilisée qu'en 2009. Ce qui fait 1 milliard de moins que prévu. Avec le Brésil, nous serions largement au-dessus de notre budget. Une fois ce contrat engrangé, le carnet de commandes augmentera de plus de 30 %. DCNS dispose d'un carnet de commandes qui s'élève à 8 milliards d'euros à fin 2008. Soit plus de trois ans d'activité. En 2009, nous avons un très bon espoir en Grèce pour la vente de quatre Fremm. Nous attendons une décision de la Grèce en début d'année pour lancer le projet. L'Arabie Saoudite est aussi un dossier important, pour quatre frégates Fremm en particulier.Quel avenir pour DCNS??Il faut piloter DCNS avec une vision à moyen et long terme. À partir des prises de commandes en France, DCNS doit renforcer sa réussite à l'export. Car le socle France ne peut que se contracter. Il faut trouver des relais de croissance en vue d'assurer le développement de DCNS pour être moins dépendant du budget national français. Trois axes sont identifiés : l'internationalisation du groupe ; les services aux profits des marines et puis, troisième axe, l'énergie au premier rang duquel le nucléaire civil. Nous devrions signer un nouveau contrat avec l'EPR en Chine pour un montant de 18 millions d'euros pour la fourniture d'équipements.Quel bilan faites-vous de vos dix ans à la tête de DCNS??Une maîtrise des grands projets qui s'est renforcée. Il n'y a qu'à voir la réalisation du sous-marin lanceur d'engins le« Terrible » ou le grand carénage du porte-avions « Charles-de-Gaulle ». Une maîtrise des coûts qui s'est améliorée : l'État peut se féliciter du retour sur investissement dans la capitalisation de DCNS au moment de changement de statut, plus de trois pour un. Un industriel national qui compte maintenant un niveau européen et mondial.Quelle est votre plus belle réussite pour DCNS et votre regret le plus fort??À partir d'un travail collectif, nous avons sauvé DCNS, qui était au début des années 2000 sur le point de sombrer, alors qu'un certain nombre de responsables politiques n'y croyaient plus. DCNS fait partie du patrimoine industriel français dans la défense. Mon plus grand regret est le drame de Karachi. C'est une blessure qui ne se refermera jamais. Sur le plan économique, la consolidation européenne, qui n'a pas avancé d'un pouce. La situation était même plus ouverte il y a deux ans.Propos recueillispar Michel Cabirolinterview l'État peut se féliciter du retour sur investissement dans la capitalisation de DCNS.
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