Matignon impose un nouvel entrant dans le mobile

On attendait un débat au Parlement sur le sujet en début d'année, mais le Premier ministre a tranché. François Fillon a annoncé hier qu'une partie des fréquences correspondant à la quatrième licence de téléphonie mobile de troisième génération, toujours non attribuée, serait réservée à un nouvel entrant face aux trio Orange-SFR-Bouygues Télécom. La France est en effet le seul grand pays européen qui ne compte que trois opérateurs de réseau mobile. Depuis que le régulateur des télécoms, l'Arcep, a rejeté, en octobre 2007, la candidature du fournisseur d'accès à Internet Free, qui refusait de payer les 619 millions d'euros pour la totalité de ces fréquences, tous les scénarios ont été envisagés, dont une mise aux enchères des fréquences ouverte à tous, y compris les opérateurs en place, ce qui réduisait les chances d'arrivée d'un nouvel opérateur. Or le chef du gouvernement a demandé à l'Arcep, hier matin, de lancer au premier trimestre un appel à candidatures reposant sur une division en trois lots de 5 MHz de fréquences dont l'un sera réservé à un nouvel entrant.L'objectif est que ces fréquences soient attribuées « avant l'été. » La décision est plutôt une surprise, alors que le secrétaire d'État au Numérique, Éric Besson, avait indiqué, en présentant son plan France numérique 2012 en octobre depuis l'Élysée, qu'il n'était question « ni d'imposer ni d'exclure » un nouvel opérateur. François Fillon a justifié son choix par « la nécessité d'aiguillonner la concurrence » tout en veillant à ne « pas déstabiliser le marché. » Il aura convaincu l'Élysée.Free raviChez Free, Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad, la maison mère, « salue la démarche volontariste et pro concurrentielle du gouvernement et de l'Arcep ». Le numéro deux français de l'ADSL est toujours intéressé, tout en notant que les conditions financières ne sont pas encore connues. « Nous avons milité pour cela depuis trois ans, explique le directeur général de l'opérateur. Il est important que chaque acteur des télécoms puisse être acteur de la convergence sans être bloqué à cause des fréquences. Free se sent légitime pour devenir le quatrième opérateur mobile dont la France a besoin. Les consommateurs auront plus de minutes et une meilleure couverture du territoire. » Le fondateur et principal actionnaire d'Iliad, Xavier Niel, a même promis en août dernier « 1.000 euros d'économies par an pour un foyer avec un enfant et trois abonnements ».La Bourse n'a pas tardé à analyser cette annonce comme une mauvaise nouvelle pour les trois opérateurs existants. L'action Bouygues (propriétaire de Bouygues Télécom) a perdu 7,25 % hier, tandis que Vivendi (SFR) et France Télécom (Orange) cédaient 4,22 % et 3,15 %.Toutefois, rien n'est joué. « Il peut y avoir d'autres candidats que nous », relève, prudent, le directeur général de Free. Numéricâble avait été un temps intéressé mais n'avait pas soumis de candidature. Il ne fait à ce stade aucun commentaire. En outre, le câblo-opérateur est d'ores et déjà opérateur mobile virtuel, hébergé sur le réseau de Bouygues Télécom avec lequel il a conclu un accord de MVNO. Certains opérateurs virtuels tels que Virgin Mobile, le premier indépendant avec près d'un million d'abonnés, pourraient être intéressés. La question du prix sera primordiale. En août, Xavier Niel espérait obtenir 10 MHz pour environ 300 millions d'euros. Un débat aura bien lieu au Parlement, en février, sur la stratégie globale d'attribution des fréquences.
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