La chimie française s'enfonce dans la crise

La situation s'est aggravée ces dernières semaines. » Le constat dressé par Daniel Marini, responsable des études économiques à l'Union des industries chimiques (syndicat patronal), est sans appel : l'activité du secteur devrait reculer de 1,5 % à 2 % en 2009 (en volume), après une chute de 2 %  à 3 % en 2008. Il y a encore deux mois, ces estimations n'étaient respectivement que de ?0,8 % et ?0,7 %? Ce sombre constat est peu étonnant : si elle demeure peu connue du grand public en raison de sa complexité, l'industrie chimique, fournisseur de la grande majorité des autres secteurs ? de l'automobile aux emballages en passant par la cosmétique ? ne peut qu'être touchée par la crise. Avec un chiffre d'affaires de 81,2 milliards d'euros en 2007, le secteur, qui emploie 190.000 salariés en France, est le troisième en valeur après l'automobile et la métallurgie. Or, « les baisses de production ont atteint 10 % en novembre et jusqu'à 20 % en décembre dans l'Hexagone », souligne Daniel Marini. Ce tableau alarmant doit être nuancé selon les segments : « Au quatrième trimestre 2008, les arrêts d'unité ont atteint 50 % dans la chimie de base et jusqu'à 75 % dans les engrais mais seulement 25 % pour les chimistes de spécialité et 30 % dans la cosmétique », indique l'expert de l'UIC.attentismeEn ce début d'année, un seul maître mot chez les industriels : attentisme. « Nous sommes tous suspendus aux prises de commandes qui arrivent ces jours-ci », résume un syndicaliste. Et ce, aussi bien dans les grands groupes qu'au sein des PME. Après une fin d'année marquée par l'effondrement des commandes dans l'automobile et le bâtiment (lire ci-dessous), le redémarrage de la production reste hésitant. Arkema, premier employeur hexagonal du secteur (près de 9.000 salariés en comptant les filiales), qui avait réduit en décembre sa production sur 9 usines sur une vingtaine d'implantations, annonce pour sa part que l'activité a repris « sur tous les sites ». En revanche, chez Rhodia (4.500 emplois en France), où quelques centaines de personnes avaient été mises au chômage technique en décembre, le redémarrage est plus progressif. « Certains sites n'ont repris qu'à 50 % ou 60 % de leur capacit頻, glisse un représentant syndical du groupe. Même état d'esprit du côté des sociétés de taille moyenne : « Nous avons gelé les embauches et les investissements non indispensables », explique à « La Tribune » Guy Chifflot, président d'Orapi, PME rhônalpine qui emploie 450 salariés en France.À l'image du secteur, les perspectives devraient rester contrastées pour cette année : « Les chimistes de base, notamment les producteurs de PVC [plastique à faible valeur ajoutée pour l'automobile] comme Solvay ou en partie Arkema, vont continuer à souffrir, estime Daniel Marini. En revanche, les chimistes de spécialités et ceux présents dans la grande consommation devraient tirer leur épingle du jeu. » Toutefois, les craintes pour l'emploi sont bien réelles. « Sur la dernière décennie, les effectifs du secteur chimique ont reculé en moyenne de 1,5 % par an, note Daniel Marini. On ne peut exclure une décroissance plus marquée pour 2009. » Le PDG de Rhodia, Jean-Pierre Clamadieu, ne dit pas autre chose (lire ci-contre). Malgré cet environnement tendu, l'UIC a signé avec deux syndicats un accord de relèvement des salaires minima et des primes conventionnelles de 1,5 % pour 2009.
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