L'aide à Commerzbank inquiète en Allemagne

Quatre jours après l'aide de 10 milliards d'euros supplémentaires accordée par l'État à la Commerzbank, la place de Francfort reste sous le choc. Beaucoup désormais s'interrogent sur les coûts et les risques de cette aide. Le « capital silencieux », c'est-à-dire ne donnant pas droit de vote, injecté par l'État à hauteur de 16,4 milliards d'euros, et par Allianz à hauteur de 750 millions d'euros doit, en effet, conformément à l'accord passé avec Bruxelles, donner lieu au paiement d'un intérêt de 9 %. Autrement dit, Commerzbank devra payer annuellement 1,54 milliard d'euros, soit 45 % de son résultat imposable de 2007.Certes, si la banque est en pertes ou si ses bénéfices ne sont pas suffisants, le paiement de l'intérêt sera repoussé. Mais cette charge risque de peser lourd sur les profits futurs et, surtout, de retarder le remboursement de ce « capital silencieux ». Selon certains analystes, il faudrait en effet attendre dix ans avant qu'il devienne possible. Martin Blessing, le patron de la Commerzbank, s'est voulu rassurant en affirmant que la situation pouvait évoluer. « Nul ne dit que, dans cinq ans, la banque devra conserver pour son activité autant d'argent. » Mais les analystes sont moins optimistes, compte tenu des risques conjoncturels et financiers. Chez Sal. Oppenheim, par exemple, on prévoit une perte nette pour le nouvel ensemble Commerzbank-Dresdner de 4,1 milliards en 2009 et, encore, de 2,1 milliards en 2010. D'autant que le rôle de l'État, désormais premier actionnaire de la banque avec 25 % du capital, n'est pas encore clair. Deux représentants de Berlin devraient siéger au conseil de surveillance. Or le gouvernement a fait de la lutte contre le « credit- crunch » une priorité. Du coup, l'analyste de Sal. Oppenheim, Carsten Werle, évoque le risque d'une influence « non seulement stratégique, mais aussi opérationnelle » de l'État. Avec pour conséquence, une exposition grandissante aux crédits aux entreprises dans un contexte déjà difficile. Bref, pour le moment, l'avantage compétitif lié à l'aide de l'État ne saute pas aux yeux?Romaric Godin, à Francfort
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