Accès de faiblesse de l'euro avant la réunion de la BCE

L'euro est la grande monnaie dont les performances depuis le début de l'année sont, de loin, les plus décevantes. La monnaie unique des Seize s'est affaissée face à la livre sterling qui était sinistrée à la fin du dernier millésime et elle cède quotidiennement du terrain vis-à-vis du yen et du dollar. Hier, la monnaie d'Albion a rebondi jusqu'à 0,88 pour un euro après avoir frôlé la parité le dernier jour de 2008. Le yen s'est hissé jusqu'à 118,90 et le dollar jusqu'à 1,3290 pour un euro, leurs meilleurs niveaux depuis un mois.La rechute de l'euro est à la mesure de l'enlisement de l'économie de la zone qu'il représente. Les prévisions faites en fin d'année par la Banque centrale européenne sont aujourd'hui complètement dépassées, balayées, oubliées. En décembre, la BCE avait estimé que la croissance se contracterait de 0,5 % en 2009, et que l'inflation s'élèverait à 1,4 %. Chiffres tout à fait « irréalistes » rétorque aujourd'hui la Royal Bank of Scotland qui table sur un PIB en recul de 1,5 % et une inflation limitée à 0,7 %. Une situation d'une telle gravité qu'elle milite pour une politique monétaire « très agressive » estime Gilles Moec, stratège Europe de Bank of America, qui partage avec la Deutsche Bank un pronostic encore plus négatif, faisant état d'un recul de la croissance de 2,5 % en 2009, cinq fois plus que ce que projetait l'équipe des économistes de la BCE le mois dernier.l'analyse de trichetOr le consensus des économistes attend certes une baisse des taux, mais limitée à un demi point jeudi, à l'issue de son premier conseil de l'année, qui ramènerait le taux directeur de la BCE à 2 %. Ce taux tomberait seulement au plancher des dix ans d'existence de la Banque centrale de Francfort, déjà atteint à la mi-2003, et sur lequel il avait campé pendant près d'un an et demi. Rien donc de révolutionnaire et Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, semble s'en tenir à son analyse faite le 15 décembre, qui prétendait que des assouplissements monétaires supplémentaires auraient peu d'effet sur le dégel du crédit, tout en semant les germes de l'inflation future. Tout au plus a-t-il envoyé un poisson pilote la semaine dernière, par le truchement du numéro 2 de la BCE, Lucas Papademos, qui a indiqué que de nouvelles baisses de taux étaient possibles alors que le marché croyait encore à une possible pause, reprenant à son compte l'adage : « On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif. » Mais aujourd'hui, c'est l'économie qui est complètement déshydratée. nInfographie91,973 mmx 116,609 mmla situation de la zone euro milite pour une politique monétaire agressive.
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