Les craintes sur la récolte 2009 de soja favorisent le maïs et le blé

Il a fait sec, voire très sec dans les plaines argentines ces dernières semaines. Bien trop pour que le soja puisse germer sans encombre. Alors que la période des semis devrait être quasiment terminée, seulement 86?% des millions d'hectares que le pays consacre à la culture du soja ont été mis en culture. Or, l'Argentine, numéro deux mondial du soja derrière les États-Unis, occupe la même place parmi les exportateurs. Le phénomène frappe aussi le Brésil, lui aussi gros producteur de soja. Au Chicago Board of Trade, le soja est donc de nouveau très couru. Le boisseau pour livraison en mars prochain affiche un gain de 27 % à 9,84 dollars en un mois. Une hausse « d'autant plus remarquable qu'elle se fait dans un contexte de baisse des prix de l'énergie, puisque le pétrole a plongé de 6 % sur la même période », observe Hélène Morin, analyste chez Agritel. Le vif rebond du soja a entraîné le maïs dans son sillage. En effet, aux États-Unis, les décisions d'emblavement se font ces jours-ci. Les agriculteurs arbitrent, en fonction de l'évolution des cours, entre le maïs et le soja. Nombre d'entre eux devraient logiquement se détourner du maïs pour planter du soja et profiter de la relative rareté de l'oléagineux, ce qui favorisera le maïs à terme. D'autant que la demande de maïs se faisant particulièrement discrète, les stocks sont en train de se garnir. semis d'hiver en reculSelon les données mensuelles publiées hier par l'USDA, le département de l'Agriculture américain, 1,79 milliard de boisseaux de maïs sont empilés dans les silos américains, ce qui a fortement pesé sur les prix du maïs hier, qui ont chuté de la limite autorisée sur le CBOT (? 6,9 % à 3,82 dollars le boisseau). Et la crise financière n'a rien arrangé, tant certaines industries consommatrices rencontrent des difficultés. À l'instar de Tyson Foods, premier producteur mondial de viande de poulet, de porc et de volailles, dont le premier poste de coût est le maïs. La société, qui vient de renégocier sa dette et changer de PDG, souffre de la baisse de la demande. Son concurrent, Pilgrim's Pride, est en faillite tout comme le spécialiste des biocarburants VeraSun, également gros consommateur de maïs. Les défaillances d'une partie de la demande ne doivent pourtant pas occulter un autre phénomène, qui risque de peser sur l'offre cette année. Comme l'atteste le recul de 9 % des emblavements de blé d'hiver aux États-Unis. « Le recul des semis de blé d'hiver est beaucoup plus inquiétant que la question des stocks, parce qu'il concerne le futur », estime Benjamin Louvet, gérant sur les matières premières agricoles chez Prim'Alternative Investment. Le phénomène témoigne de l'effet ciseau dans lequel sont pris les agriculteurs aujourd'hui : entre des coûts qui grimpent et des prix de vente en forte baisse, ils sont peu incités à planter ? notamment en France, où le prix du maïs (132 euros la tonne) reste faible par rapport à son coût de production. À moyen terme, les signaux restent au vert pour la classe d'actif. Ainsi, l'équipe matières premières de la Deutsche Bank, qui rappelle que les matières premières agricoles sont souvent parvenues à grimper durant les dernières crises économiques, en 1973, 1980, 1990 et 2001, et que les rapports entre stocks et consommation sont aujourd'hui à des niveaux historiquement bas. L'univers des céréales a d'ailleurs été dopé ces derniers jours par le retour de fonds spéculatifs sur le secteur, notamment en provenance des pays du Golfe. « La spéculation se comprend. En 2009, il y aura une baisse des surfaces globales de céréales, mais aussi le retour des aléas climatiques, qui ont été singulièrement absents sur 2008 », remarque Hélène Morin. nl'univers des céréales a été dopé par le retour de fonds spéculatifs sur le secteur. exergue colfine
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