Nicolas Sarkozy fixe le cap de Xavier Darcos

Huit manifestants blessés. C'est le bilan des heurts avec la police qui ont eu lieu hier à Saint-Lô (Manche) en marge des v?ux de Nicolas Sarkozy aux personnels de l'Éducation nationale. C'est dire si la tension est à son comble parmi lycéens et enseignants. Ce n'est donc pas un hasard si le chef de l'État a profité de ses v?ux thématiques pour reprendre l'ascendant sur son ministre de l'Éducation nationale. Ce dernier a vécu une fin d'année 2008 plus que mouvementée, qui l'a conduit, sous la pression d'une jeunesse échauffée, à ajourner sa réforme de la classe de seconde. Sous la pression aussi de l'Élysée, bien que son entourage s'en défende. Le président de la République s'était alors fendu ? fait sans précédent ? d'une communication publique en Conseil des ministres pour soutenir son élève.Grande consultation Hier à Saint-Lô, Nicolas Sarkozy s'est donc octroyé le privilège d'annoncer deux mesures. Tout d'abord, une nouvelle mission, confiée à Richards Descoings. C'est au très médiatique président de Sciences po Paris, réputé de gauche (il a été conseiller de Michel Charasse puis de Jack Lang dans les années 1990), moult fois cité en exemple pour avoir ouvert l'institution de la rue Saint-Guillaume aux lycées de ZEP, qu'il incombera de mener la grande consultation sur la réforme du lycée qui sera mise en ?uvre à la rentrée 2010. La centaine de proviseurs déjà désireux de mener des expérimentations pourront le faire au sein de leur établissement. Un appel à expérimentation sera « lancé dans les prochaines semaines » afin de tester des éléments de la future réforme. Car cette dernière (qu'une majorité appelle de ses v?ux) sera faite « parce qu'elle est indispensable », a martelé le chef de l'État, dénonçant le « déséquilibre entre filières », la « sélection pour la sélection » mais aussi le malaise des jeunes de 16 à 25 ans, « coincés dans l'entre deux des politiques sociales et éducatives ».À leur encontre, afin de mieux coordonner une politique jusqu'alors peu identifiable et écartelée entre plusieurs portefeuilles (Éducation, Enseignement supérieur, Santé, Jeunesse et Sports, Emploi), Nicolas Sarkozy réutilise son atout phare de l'ouverture à gauche en nommant haut-commissaire à la Jeunesse Martin Hirsch, déjà haut-commissaire aux Solidarités actives. Une demande formulée de longue date par Xavier Darcos, tient à préciser son entourage. L'ex-successeur de l'abbé Pierre à la tête d'Emmaüs devra conduire une concertation au premier semestre. Un fonds d'expérimentation pour les jeunes sera doté de 150 millions d'euros.La plupart des syndicats d'enseignants, réunis en intersyndicale hier soir, restent circonspects. « Nous allons encore discuter avec quelqu'un qui ne prend pas les décisions », dénonce Daniel Robin, co-secrétaire général du Snes-FSU. Et Luc Berille, le secrétaire général du SE-Unsa, de rappeler les nombreux sujets de friction : réforme de la formation des enseignants, évaluation des élèves, revalorisation des enseignants? quant aux suppressions de postes, qui ne doivent pas affecter le lycée, les syndicats attendent le budget 2010 de pied ferme. Les lycéens, eux, aussi peu convaincus, ont appelé à manifester jeudi.
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