L'Allemagne met la touche finale à son plan de relance

Une semaine après avoir décidé du principe d'un nouveau plan de relance de 40 à 50 milliards d'euros sur deux ans, les trois partis de la grande coalition se sont à nouveau réunis hier en fin d'après-midi pour décider du détail des mesures. Et jusqu'au dernier moment, les discussions étaient serrées, même s'il n'y avait pas de doute sur la perspective d'un compromis. Un point était acquis et faisait l'unanimité : L'État et les Länder vont investir massivement (plus de 10 milliards d'euros) dans les équipements communaux, les transports, l'Internet à haut débit et, surtout, l'éducation qui devrait bénéficier des deux tiers des moyens disponibles. Il s'agit de soutenir la demande intérieure pour relancer les investissements des entreprises et prendre le relais d'une demande externe qui s'effondre rapidement. Le temps presse, car les statistiques des exports et de l'industrie deviennent alarmantes. Berlin veut aussi s'appuyer sur la consommation, trop longtemps négligée outre-Rhin au profit de la compétitivité à l'export des entreprises, et qui est désormais le seul pilier qui semble encore un peu résister. Les charges et les impôts devraient donc baisser. Le SPD devrait obtenir la suppression du supplément de cotisation de sécurité sociale de 0,9 point pour les salariés, introduit par le gouvernement Schröder en 2003. Une baisse de la cotisation employeurs était encore en débat. Par ailleurs, la revendication du parti bavarois CSU devrait être satisfaite : il y aura une baisse de l'impôt sur le revenu. Mais le SPD refusait encore hier des baisses « générales ». En tout, cependant, la baisse des charges et des impôts s'élèveraient à 25 milliards d'euros.Une série d'autres mesures étaient également envisagées : un impôt automobile lié aux émissions de CO2, une prime à la casse ou encore une aide aux familles.Hier cependant, avant la réunion de coalition, le point d'achoppement principal concernait l'aide aux entreprises. Depuis une semaine, la création d'un « fonds Allemagne » de 100 milliards d'euros semble acquise. Son rôle doit être d'apporter des garanties d'État aux prêts accordés aux entreprises afin de leur maintenir un accès au crédit et leur permettre de continuer à investir et innover. Opel, en difficulté en raison des problèmes de sa maison mère GM, qui avait demandé une telle garantie en novembre, pourrait ainsi en bénéficier. Mais, au sein de la CDU, on a aussi évoqué la possibilité de permettre la prise de participation de ce fonds dans les entreprises en difficulté ou encore d'accorder des aides directes. Hier, sur les marchés, une rumeur évoquait ainsi une aide de Berlin au métallurgiste ThyssenKrupp pour financer certains investissements. Mais la proposition déplaît fortement au SPD qui a fait savoir qu'il refusait aussi bien les « subventions » que les « nationalisations », estimant que les entreprises devaient assumer la responsabilité de leurs décisions. Le ministre-président CDU de Bade-Wurtemberg, Günther Oettinger, s'est aussi fortement opposé à cette idée.40 milliards d'endettementReste enfin que ce nouveau plan devrait au moins relancer la polémique sur les finances publiques. L'État fédéral s'endettera en effet de façon record cette année pour le financer : on évoque le chiffre de 40 milliards d'endettement net supplémentaire. Et, désormais, les limites fixées par le traité de Maastricht sont en vue? Du moins, désormais, plus personne ne pourra accuser l'Allemagne, qui en tout aura donc injecté 82 milliards d'euros sur deux ans dans son économie, de ne rien faire contre la crise. Au contraire, l'effort déployé ? certes tardivement ? par Berlin place le pays en tête des contributions européennes pour favoriser la sortie de crise. n ce nouveau plan devrait relancer la polémique sur les finances publiques.
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