La Russie renoue avec le déficit budgétaire

La semaine dernière, le conseiller économique du président russe Arkadi Dvorkovitch pronostiquait du bout des lèvres un déficit frôlant les 6 % du PIB cette année. Mais mercredi, il parlait déjà d'un déficit à 8 % du PIB, soit 70 milliards de dollars, et n'excluait pas les 10 % du PIB. Un aveu difficilement admis, tout comme la récession, longtemps niée par le gouvernement russe avant d'être estimée à ? 0,2 % pour 2009. Le gouvernement revoit actuellement le budget avec un changement dans le paramètre principal : un baril à 41 dollars en moyenne, et non plus à 95 dollars.La Russie est le premier exportateur mondial d'énergie et les hydrocarbures pèsent près des deux tiers des recettes du budget. Le Kremlin craint par-dessus tout les sautes d'humeur de la population. C'est pourquoi il distille les mauvaises nouvelles le plus progressivement possible. Fin 2008, la crise (« fléau américain » selon Vladimir Poutine) devait s'arrêter aux portes de la forteresse Russie. Entre-temps, la banque centrale a procédé à une dévaluation « graduelle » du rouble (? 35 % en six mois) pour éviter une panique similaire à celle de 1998. Mais la correction inévitable a encouragé une spéculation massive, qui a fait fondre les réserves de la banque centrale russe de 600 à 383 milliards de dollars.tensions sociales La crise entame aussi sérieusement son « fonds de réserve » (collecté les précédentes années sur les taxes pétrolières). La moitié sera dépensée cette année dans des mesures de relance, soit 55 milliards d'euros. « Nous devons donner la priorité absolue aux engagements sociaux de l'État », a déclaré Arkadi Dvorkovitch mercredi. Car la détérioration de l'économie menace de provoquer des tensions sociales et Vladimir Poutine, toujours crédité de 70 % d'opinions favorables, ne veut pas voir s'évaporer sa popularité. Le ministère des Affaires sociales prévoit 2,2 millions de chômeurs à la fin 2009. Le sociologue Evgeni Gontmakher table, lui, sur 10 à 12 millions. Avec ce penchant à recourir aux dépenses publiques massives, le fonds de réserve sera épuisé en 2010. Ce n'est pas pour rendre sereins les tenants de la sobriété budgétaire, dont fait partie le ministre des Finances russe, Alexeï Koudrine. Lequel va devoir rassurer aujourd'hui à Rome ses confrères du G7 finance. Car si la dette extérieure d'État russe a complètement fondu, celle des entreprises russes a explosé et commence à tracasser les Européens, dont les banques sont les plus exposées. Au premier rang figure BNP Paribas qui, selon Reuters, aurait un portefeuille de 5,4 milliards de dollars. Calyon n'est pas loin derrière, en 4e position. nla dette extérieure des entreprises russes inquiète les banques françaises.
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