Les taux de la BCE plus près de zéro qu'il n'y paraît

N'en déplaise au faucon de la Bundesbank, Axel Weber, qui estime que le niveau de 1 % constitue le plancher ultime pour le principal taux directeur de la Banque centrale européenne, réduit à 1,5 % la semaine dernière, ce taux de refinancement (« refi ») ne constitue plus en ce moment le principal outil de la BCE pour encourager le secteur bancaire à surmonter la crise et dégeler les marchés interbancaires. Depuis qu'elle fournit aux banques une quantité illimitée de liquidités, qui facilite grandement les opérations de refinancement au jour le jour, l'institut d'émission a laissé le taux de l'Eonia, le taux de référence du marché monétaire de la zone euro, dériver largement en dessous du « refi ». Alors qu'il évoluait autour de 1,30 % après la détente monétaire de jeudi dernier, le taux de l'Eonia est tombé mercredi à 0,845 %, et jeudi à 0,851 %. Il est désormais plus proche du taux plancher de la BCE, le taux des dépôts, actuellement fixé à 0,5 %, que du « refi ». Un niveau que Jean-Claude Trichet a qualifié de « très, très bas » à quatre reprises lors de sa conférence de presse de la semaine dernière. À la dérobée, le taux des dépôts est devenu le vrai-faux taux directeur de la BCE. Pour l'instant du moins. Sinon Trichet n'aurait pas annoncé jeudi dernier que la mise à disposition de quantités illimitées de liquidités était reconduite au moins jusqu'à la fin de cette année. Le loyer de l'argent dans la zone euro se retrouve ainsi à des niveaux analogues, voire meilleur marché, que dans les pays où les banques centrales ont ramené leur taux directeur à un niveau voisin de zéro, Fed ou Banque d'Angleterre par exemple. Mieux, à l'échéance de trois mois, celle de tous les blocages depuis le début de la crise à l'été 2007 et surtout depuis la faillite de Lehman que, in fine, la BCE convoite de débloquer par sa politique de réglage fin, les taux sont moins chers dans la zone euro.niveau repoussoirL'Euribor 3 mois, le taux de référence, est tombé hier à un nouveau plancher absolu de 1,65 %, alors que les taux de même maturité se négociaient à 1,93 % aux États-Unis et 2,1 % en Grande-Bretagne. Une performance que le patron de la banque centrale de Francfort ne manquera pas de signaler, ses chers graphiques à l'appui, à quiconque lui reprocherait de maintenir les taux à un niveau trop élevé pour faire face à la récession la plus grave de l'histoire récente. Reste un problème technique : si la BCE abaisse à nouveau son taux « refi » d'un demi-point à 1 %, une hypothèse plausible au milieu du printemps, le taux plancher tomberait alors à zéro, un niveau repoussoir. À moins qu'elle ne réduise à nouveau le corridor d'encadrement du « refi ».
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