Le plan anti-expulsion reçu avec scepticisme

Paradoxalement, les propriétaires comptent parmi les plus sceptiques. La décision de la ministre du Logement, Christine Boutin, rendue publique hier, dans un entretien au quotidien « Le Parisien », qu'« aucune expulsion locative ne serait exécutée » sans « solution de remplacement » laisse dubitatif Jean Perrin, le président de l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI). « Un préfet ne mettra plus à exécution un jugement d'expulsion sans proposer un relogement ou un hébergement pour les locataires dans l'impossibilité de payer leur loyer », a précisé la ministre. « Il s'agit d'effets d'annonce pour prévenir toute manifestation d'associations d'aide au logement à l'approche de la fin de la trêve hivernale », juge sévèrement Jean Perrin. Mise en ?uvre à partir du 1er novembre dernier, la trêve hivernale, qui interdit toute expulsion de locataires, prend en effet fin dimanche 15 mars. Au-delà de ses interrogations, le président de l'UNPI dit sans doute tout haut ce qu'au gouvernement on pense tout bas : inutile en ces temps de difficultés économiques et sociales majeures de rajouter une crise du logement et voir refleurir, dans les centres de grandes villes, des centaines de tentes pour loger de nouveaux SDF.Pour leur part, les associations qui militent en faveur du logement social continuent de réclamer un moratoire sur les expulsions. Mais, surtout, elles craignent que la décision de la ministre ne se traduise par une recrudescence de solutions d'hébergement précaires, comme l'accueil temporaire en hôtel ou dans des foyers sociaux, au détriment de mesures de relogements stables.494.000 ménages concernés Sur les 28.000 expulsions autorisées par les préfets en 2007, 11.322 ont été effectivement réalisées selon les chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur. Les quelque 16.700 autres dossiers ont en revanche effectivement fait l'objet soit de règlements amiables, soit de relogements.Mais ces chiffres sont en deçà de la réalité pour la Fondation Abbé Pierre qui, dans son dernier rapport annuel sur le mal-logement, évalue à 1,2 million, soit quelque 494.000 ménages, les locataires qui vivent en situation de précarité pour loyers impayés. R. J.
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