Retraites complémentaires  : le Medef veut porter l'âge minimal à 61 ans en 2014

Réclamer le passage de l'âge minimal de la retraite complémentaire à 61 ans, c'est une déclaration de guerre aux syndicats », avait prévenu hier matin le patron de la CGPME, Jean-François Roubaud. C'est pourtant ce qu'a fait le Medef quelques heures plus tard, en soumettant aux syndicats un projet d'accord polémique sur les retraites complémentaires. Il propose de jouer sur les trois principaux leviers permettant de rétablir l'équilibre des régimes Agirc (cadres) et Arrco (non-cadres). Le Medef demande d'abord le recul de l'âge de la retraite. « à compter de 2011 », que l'âge minimal de liquidation soit « majoré d'un trimestre pour atteindre 61 ans en 2014 », sauf pour les carrières longues. Il serait cependant prêt à accepter à la place un allongement de la durée de cotisation. Deuxième mesure difficilement acceptable par les organisations syndicales, le patronat propose de continuer à baisser le rendement de l'Agirc et de l'Arrco ? c'est-à-dire le niveau des pensions ? jusqu'au 31 décembre 2010. Le rendement serait ensuite stabilisé, le salaire de référence (le prix d'achat du point de retraite) et la valeur du point suivant la même évolution. Le rendement de l'Agirc sera par ailleurs aligné sur celui de l'Arrco en 2009.En contrepartie, le Medef accepte de relever le niveau des cotisations salariale et patronale, la mesure plébiscitée par les syndicats pour maintenir à flot les régimes complémentaires. Le patronat n'a pas encore fixé l'ampleur de la hausse. Selon des projections récentes, la hausse d'un point du taux de cotisation en 2010 permettrait de réaliser un gain cumulé de 36 milliards d'euros sur la période 2007-2015 et de 125 milliards d'euros à l'horizon 2030. Les fédérations du Medef sont toutefois très réticentes : la hausse ne devrait donc être que modérée.recul des avantagesSous réserve de ces évolutions, le patronat accepterait de reconduire jusqu'au 31 décembre 2014 le dispositif AGFF (Association pour la gestion du fonds de financement de l'Agirc-Arrco), qui finance la retraite complémentaire entre 60 et 65 ans. Cet accord prend fin le 31 mars prochain et constitue le principal moyen de pression du Medef : si l'AGFF était supprimée, les personnes partant à la retraite à 60 ans se verraient appliquer un abattement sur leurs pensions complémentaires de 22 %. Enfin, le projet prévoit une harmonisation entre les régimes cadre et non cadre, via un recul des avantages familiaux de l'Agirc (majoration de 5 % pour les mères de trois enfant dès le 1er janvier 2010, contre une majoration de 8 % à 24 % aujourd'hui). La négociation s'est déroulée hier sous la pression de nouvelles projections pour les régimes complémentaires, toujours plus alarmantes : les deux régimes seront dans le rouge dès cette année (? 1 milliard d'euros de déficit cumulé en 2009 et ? 2,5 milliards en 2010), mais surtout, leurs réserves seront épuisées dès 2015. Les syndicats sont unanimes à rejeter ce projet d'accord et misent désormais sur l'ultime séance de négociation, le 23 mars, en envisageant déjà d'appeler les Français à descendre dans la rue.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.