Les journaux britanniques préparent l'Internet payant

La presse américaine, « Wall Street Journal » en tête, peaufine des stratégies pour développer des offres payantes pour leurs sites Internet. En Europe, où la chute des recettes publicitaires est également brutale, des initiatives semblables se multiplient. Y compris en Grande-Bretagne, alors que le modèle économique actuel des sites Internet des journaux y est entièrement gratuit, archives comprises (à l'exception partielle du « Financial Times »). Une petite révolution à laquelle prend part l'incontournable Rupert Murdoch. Le propriétaire de News Corp., qui possède en Grande-Bretagne le « Sun » et le « Times » (et le « Wall Street Journal » aux États-Unis), a évoqué son changement d'opinion la semaine dernière lors de la présentation des résultats de son groupe.d'ici à 12 mois« Qu'il soit possible de faire payer pour du contenu sur le Web est évident au vu de l'expérience du ?Wall Street Journal? », a indiqué le magnat américano-australien. Questionné sur une possible décision en ce sens concernant ses titres britanniques, il a ajouté : « Nous y pensons absolument. » Quand ? « D'ici aux douze prochains mois. » Avant de conclure : « Les jours actuels d'Internet seront bientôt finis. »Pourquoi un tel revirement ? L'explication est sans doute à chercher du côté de la crise. Au premier trimestre, les journaux de News Corp. ont frôlé le rouge, avec un bénéfice de seulement 7 millions de dollars. En Grande-Bretagne, ses revenus publicitaires sont en baisse de 21 %. De nouvelles rentrées d'argent seraient donc les bienvenues.Or les revenus publicitaires sur Internet se font attendre. Si les chiffres de News Corp ne sont pas disponibles, ceux d'Associated Newspapers (qui publie le « Daily Mail ») sont criants : en 2008, la publicité a rapporté 449 millions de livres (502 millions d'euros) dont? 9 millions venant du Web. Certes, c'est trois fois plus que l'année précédente, mais cela reste une goutte d'eau. Même chose au Trinity Mirror, énorme groupe qui possède notamment le « Daily Mirror » : seuls 5 % de son chiffre d'affaires viennent de ses sites Internet.Du coup, Rupert Murdoch n'est pas le seul à réfléchir à faire payer les lecteurs. Le « Guardian » se penche sérieusement sur la question. Pas question pour l'instant d'imposer un prix sur les informations générales. « Mais de façon réaliste, pour certaines parties spécialisées de notre site, nous devrions réfléchir à faire payer », affirme Carolyn McCall, directrice de Guardian.co.uk. Reste que cette velléité sera difficile à concrétiser. Même le « Financial Times », qui fait payer une partie de son site, demeure en large majorité gratuit. Tous les articles du quotidien sont consultables, à l'exception de certains commentaires.utilisation marginaleSelon Nick Jones, un ancien de la BBC et spécialiste des médias, certains contenus vidéo peuvent se révéler rentables, particulièrement en cas d'exclusivité. Ils sont généralement précédés d'une publicité qui ne peut pas être accélérée, qui apportent « des niveaux de revenus proches de ceux générés sur ITV [première chaîne de télévision commerciale britannique, Ndlr] ». Mais cette utilisation demeure marginale. Le Saint Graal de l'Internet payant reste insaisissable. n
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