La France se défend de réduire son aide au développement

AfriqueRéussir à tenir les promesses d'aide à l'Afrique, fixées lors du G8 de Gleneagles en 2005, est désormais « très improbable » à cause de deux pays : la France et l'Italie. Alors que le G8 finances se déroule ce week-end, l'association ONE, cofondée par les rock stars Bob Geldof et Bono, vient de dresser un bilan d'étape sévère.À Gleneagles, le G8 avait promis d'augmenter son aide à l'Afrique de 21,5 milliards de dollars d'ici à 2010. Cette année, l'augmentation devrait atteindre environ 10,5 milliards, soit la moitié à seulement un an de l'échéance. « 80 % du retard provient de deux pays, accuse Jamie Drummond, directeur de ONE. L'Italie est un échec complet, n'ayant réalisé que 3 % de ses promesses. Mais la France est également une déception, avec 7 % de ses promesses. »Interrogé par « La Tribune » en marge de la réunion des ministres des pays industrialisés du G8 chargés du développement en cours à Rome, le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, a répondu que « ONE n'utilise pas les mêmes critères pour ses chiffres que nous ». « En consacrant 0,39 % de notre RNB l'an dernier (2008) et 0,44 % cette année, nous sommes le deuxième pourvoyeur d'aide publique au développement des pays du G8, après la Grande-Bretagne », oppose le responsable français. Selon lui, l'aide publique au développement de la France [pas seulement vers l'Afrique, Ndlr] passerait dans les lois budgétaires de 3,7 milliards d'euros en 2008, à 4,5 milliards en 2009 et 5,1 milliards en 2010, auxquels on peut ajouter un milliard d'euros d'aide annuelle débloqué par l'Agence française du développement. Un montant corroboré par un document présenté durant la réunion du G8 développement, en cours à Rome, et dans lequel l'aide italienne est chiffrée en revanche à moins de 500 millions d'euros par an.« Nous ne sommes pas en avance, mais nous ne sommes pas en retard non plus », a précisé Alain Joyandet.« Malgré nos difficultés budgétaires, il n'y a pas de baisse de notre aide publique au développement », a assuré le secrétaire d'État, soulignant que « l'objectif d'une aide française représentant 0,7 % du RNB en 2015 a été récemment réaffirmé par le Premier ministre, François Fillon ».Plus généralement, le responsable français a pris la défense de l'engagement global de la communauté internationale pour l'aide. « En 2009, l'aide publique au développement classique a atteint 120 milliards de dollars : ce n'est certes pas assez ? ce n'est jamais assez ? mais c'est tout de même 10 % de plus que l'année précédente. »mauvaise impressionLe faible chiffre de l'Italie en termes d'aide publique fait en tout cas mauvaise impression, au moment où débute le G8 des ministres des Finances à Lecce, dans le sud de l'Italie et surtout à un mois du prochain sommet du G8 organisé par Rome et qui devra, entre autre, traiter de l'aide au continent africain« Nous reconnaissons que nous sommes en dessous de nos promesses au G8 de Gleneagles », a indiqué à la BBC l'ambassadeur italien en Grande-Bretagne, Giancarlo Aragona. « Nous avons dû abaisser notre volume d'aide au développement à cause de la crise financière », a-t-il précisé. Durant une conférence de presse avec le président de l'Union africaine, le colonel Khadafi, Silvio Berlusconi a rappelé la nécessité d'aider l'Afrique pour sortir de la misère. Le Cavaliere a toutefois mis en doute l'efficacité de l'aide, faisant allusion à certains dirigeants africains qui détourneraient l'aide vers leurs comptes bancaires en Suisse plutôt que de venir en aide à leur population.Des propos qui ne devraient guère rassurer les responsables de l'association ONE. Ceux-ci sont d'autant plus inquiets qu'ils estiment que la crise pourrait mettre fin aux progrès accomplis ces dernières années. « À partir de 2010, les gouvernements vont chercher à couper leurs dépenses », a prévenu Bill Gates. n
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