L'endettement des sociétés inquiète Moody's

Au cours de la saison des résultats semestriels qui vient de débuter, les investisseurs seront particulièrement attentifs à l'endettement des sociétés. « Il est très important de savoir si les entreprises disposent de bilans assez solides dans le cadre d'une reprise de l'économie qui s'annonce plus molle que prévu. Le marché regardera également à quelle vitesse les sociétés brûlent leur cash », prévenait Alain Bokobza, responsable de la stratégie d'investissement paneuropéenne à la Société Généralecute; Générale, lors d'une récente conférence de presse.Or une étude présentée par Moody's en fin de semaine dernière, et portant sur la zone Europe - Moyen-Orient - Afrique (baptisée « Emea », pour « Europe, the Middle-East and Africa »), laisse présager de mauvaises surprises. Car si nombre d'entreprises ont procédé à des augmentations de capital ou à des émissions obligataires depuis le début de l'année, beaucoup d'autres n'ont pas tenté de lever des fonds afin d'alléger leur structure financière. Résultat, « la qualité des bilans continue de s'éroder », constate l'agence d'évaluation financière qui a procédé à beaucoup plus d'abaissements que de relèvements de notes de solvabilité ces derniers mois (voir infographie). 442 milliards de dettesPis, le nombre de groupes en défaut de paiement s'est accéléré, passant de cinq sur la totalité de l'année 2008 à sept au cours du seul premier semestre 2009. Une conséquence directe de la récession économique, qui a plombé les résultats des entreprises et leur génération de cash-flow.Ces tendances devraient perdurer : sur les quelque 500 groupes de la zone Emea notés par Moody's, pas moins de 41 % font l'objet d'une « perspective négative » ou se trouvent « sous revue », ce qui signifie que leur note de solvabilité risque d'être abaissée d'ici trois à dix-huit mois. Bien évidemment, les secteurs les plus cycliques, comme l'industrie automobile, sont les plus menacés d'une dégradation de leur note. Dans la même veine, « le nombre de ?fallen angels? [Ndlr : sociétés reléguées de la catégorie d'investissement à celle des ?obligations pourries?] s'est élevé à quinze au premier semestre, contre dix sur l'ensemble de 2008, et pourrait grimper encore en 2009 », précise Jean-Michel Carayon, Group Credit Officer chez Moody's, et auteur de l'étude. En effet, « compte tenu des récents indicateurs, nous avons révisé notre scénario macroéconomique central. Nous ne tablons plus sur une reprise en ?U?, mais sur un redressement beaucoup plus lent et progressif de l'économie mondiale », indique Jean-Michel Carayon. Un handicap de taille pour les sociétés de la zone Emea, qui devront rembourser au total la coquette somme de 615 milliards de dollars (441,8 milliards d'euros), d'ici à mars 2010, compte tenu de l'arrivée à échéance de leurs dettes, souligne Moody's. Les entreprises ont d'autant moins de marge de man?uvre qu'elles sont déjà allées très loin en matière de réduction de leurs investissements, de suppression des dividendes et autres mesures destinées à préserver leur trésorerie.Conséquence, « certains États pourraient être amenés à leur venir en aide, comme cela a été le cas pour Renault et PSA Peugeot-Citroën », prédit Jean-Michel Carayon. Reste que bien des États souffrent eux-mêmes d'un endettement colossal.
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