les trésors du musée pouchkine

expositionpar Yasmine Youssi, à Martigny Courbet, Renoir, Cézanne, Matisse? Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, les Russes Chtoukine, Morozov ou Trétiakov ont collectionné les plus grands peintres français. Leurs trésors, nationalisés après la révolution de 1917, appartiennent depuis au musée Pouchkine de Moscou, qui en a prêté une cinquantaine à la Fondation Gianadda de Martigny, en Suisse, le temps d'un été. Parfois inégale ? quand elle n'est pas plombée par un éclairage aveuglant ? cette belle exposition, formidable leçon d'histoire de l'art, déroule l'évolution de la peinture française, de l'école de Barbizon au cubisme, en passant par l'impressionnisme ou le fauvisme. Tout commence au milieu du XIXe siècle. Les peintres d'alors envoient promener déesses et autres nymphes. Place à des sujets simples, aux paysages peints dans une palette souvent sombre avec un réalisme dont Courbet devient le maître. Mais il faut attendre Manet pour que vienne souffler le vent de la liberté. Lui ne prépare même plus ses toiles, utilise le noir (non-couleur par excellence) et laisse apparaître ses coups de pinceau, comme en témoigne ce portrait d'Antonin Proust, l'oncle de Marcel.Degas, lui, préfère les danseuses. Et leurs cadets plantent, pour leur part, leur chevalet en Île-de-France, privilégiant la touche en virgule, comme Pissarro, utilisant la couleur pour figurer les ombres, comme Sisley, ou pratiquant une perspective ascendante empruntée aux estampes japonaises tel Monet pour ses « Nymphéas ». « Du papillonnement atmosphérique que tout cela », tempête Cézanne, dont la touche géométrique annonce déjà le cubisme.décor de film d'horreurLes commissaires de cette exposition ont réussi quelques juxtapositions éblouissantes. En voyant Van Gogh et Gauguin côte à côte, on se doute que tout cela va finir en oreille coupée. Le premier est enfermé dans son mal-être comme le montre un autoportrait figurant une ronde de prisonniers suintant l'angoisse. Rien à voir avec la volupté qui se dégage du tableau de Gauguin, « Paysage avec paon », dont les couleurs éclatantes appellent à l'abstraction et au fauvisme. Il y a aussi cet étonnant paysage de Van Dongen qui évoque un décor de film d'horreur.Malheureusement, toutes les toiles ne sont pas de cette qualité. Il faut attendre le poignant « Arlequin et sa compagne » de Picasso pour replonger, avant d'être pris d'un fou rire devant le portrait peu reluisant que le douanier Rousseau fait de Marie Laurencin et de son amant Guillaume Apollinaire. Et ce sont toutes ces émotions, mêlant le rire aux larmes, qui fascinent ici et rappellent avec force l'essence même de l'art. n « De Courbet à Picasso, le musée Pouchkine de Moscou », Fondation Pierre Gianadda de Martigny, en Suisse. www.gianadda.ch. Jusqu'au 22 novembre. Catalogue : Éditions Fondation Pierre Gianadda, 276 pages, 30 euros.
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