La France dévoile son dispositif

Certains la disaient en disgrâce, mais Christine Lagarde tient sa revanche. C'est à elle qu'il reviendra cet après-midi, lors d'un Conseil des ministres avancé, de mettre en musique les décisions de l'Eurogroupe pour la France. Mais c'est Nicolas Sarkozy qui annoncera publiquement la teneur des mesures prises par le gouvernement français lors d'une intervention solennelle immédiatement après le Conseil des ministres. Pour autant certaines pistes ont été évoquées dès hier, sans doute pour tenter de rassurer les milieux financiers avant l'ouverture des marchés. La ministre de l'Économie et des Finances va présenter au Conseil des ministres un collectif budgétaire (projet de loi de finances rectificative), afin de rendre opérationnelles en France les mesures de soutien aux banques. Ce projet de loi, très court, prévoira deux grandes dispositions : la traduction dans la loi des recommandations de l'Eurogroupe concernant le financement des banques, et la création officielle de la Société de prise de participation de l'État (SPPE), susceptible d'entrer au capital des banques.Il s'agit donc, en premier lieu, d'assurer aux banques un meilleur refinancement sur le marché des prêts interbancaires. Une structure spécifique va voir le jour, qui empruntera sur les marchés grâce à la garantie de l'État. Cette structure sera alors en mesure de prêter des liquidités aux banques, lesquelles devront fournir en garantie des titres collatéraux (actifs non éligibles) pour le refinancement auprès de la Banque centrale européenne.D'autre part, l'État va mettre en oeuvre les engagements pris par François Fillon la semaine dernière. Le Premier ministre avait annoncé la création de la Société de prise de participation de l'État. Détenue par l'État et dotée de sa garantie, elle pourra prendre des participations dans des sociétés financières en difficulté. Ainsi c'est la SPPE qui permettra à l'État de prendre 5,7 % du capital de Dexia pour un milliard d'euros. Cette opération devrait être réalisée très rapidement.REDONNER CONFIANCE AUX BANQUESCes deux dispositions seront donc inscrites dans un collectif budgétaire. Cette étape était nécessaire car le feu vert du Parlement est indispensable pour transférer la garantie de l'État. Le texte devrait être présenté mardi à l'Assemblée et mercredi au Sénat pour une adoption définitive d'ici à la fin de la semaine.En garantissant les prêts interbancaires, l'État espère redonner confiance aux banques afin qu'elles acceptent à nouveau de se prêter entre elles. Depuis environ trois semaines et la faillite de Lehman Brothers, la crise de confiance entre les banques s'est exacerbée au point qu'elles refusent de se prêter au-delà de 24 heures. Jean-François Copé salue cette mesure. " Cela devrait permettre à l'argent de circuler à nouveau. " Pour autant, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale estime que tout ne sera pas réglé et qu'il faudra ensuite s'attaquer notamment aux questions relatives aux normes comptables et aux agences de notation.Concernant les prises de participations par l'État dans des sociétés en difficulté, des voix s'élèvent d'ores et déjà pour préparer le " coup d'après ". Ainsi Gilles Carrez, rapporteur général UMP du budget à l'Assemblée, souhaite " qu'au moment où l'État revendra la ou les participations prises dans des établissements bancaires, les recettes de ces opérations soient inscrites obligatoires en désendettement ". Le député de la Drôme Hervé Mariton va, lui, encore plus loin en espérant que, lorsque les marchés financiers seront mieux orientés, l'État se montre très actif sur les cessions de ses participations, non pas bancaires mais industrielles, afin de ne pas laisser filer plus avant les déficits.Le gouvernement au chevet d'autres secteursDemain, Nicolas Sarkozy se déplacera dans les Ardennes pour une visite dont le thème est la mobilisation pour l'emploi. En pleine crise, ce déplacement prouve que la contagion à l'économie réelle de la tourmente financière est à l'oeuvre. D'ores et déjà, le député UMP Gilles Carrez estime qu'il sera par exemple nécessaire d'augmenter le nombre de contrats aidés prévus dans le budget 2009. C'est pourquoi, afin d'assurer un financement à cette mesure, le rapporteur général du budget indique travailler sur la mobilisation d'une partie des 6 milliards d'euros de la réserve de précaution. Avant de prendre des mesures directement dirigées vers l'emploi, le gouvernement s'est porté au chevet des secteurs d'activité les plus touchés par la crise. Il y a d'abord eu le secteur bancaire - qui avant les décisions issues de l'Eurogroupe - a déjà bénéficié d'un coup de pouce des pouvoirs publics via notamment la prise de participation dans Dexia. Le secteur automobile fait lui aussi l'objet d'un plan spécifique avec une enveloppe de 400 millions d'euros destinée à soutenir le développement des véhicules propres. Le gouvernement s'est aussi attelé à rassurer les professionnels de la construction en promettant de racheter à un prix décoté plus de 30.000 logements dont les travaux n'ont pas été lancés faute de certitude sur les ventes. Enfin, pour éviter que les PME ne pâtissent de la raréfaction du crédit, le gouvernement a prévu de pouvoir mobiliser, via les fonds des livrets réglementés et Oseo, 22 milliards d'euros pour le financement des petites et moyennes entreprises.
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