Madrid achètera les actifs financiers sains

Notre objectif n'est pas de repêcher des entités financières en péril, car c'est une question qui, chez nous, ne se pose pas : nos banques n'ont pas de problème de solvabilité, mais, tout simplement, de liquidité. " C'est ainsi que le secrétaire d'État à l'Économie, David Vegara, a résumé la philosophie du plan d'acquisition d'actifs financiers approuvé en toute hâte vendredi dernier par décret-loi, trois jours à peine après avoir été annoncé. Un plan que le gouvernement de Madrid, fervent défenseur de la coordination communautaire, n'a lancé qu'une fois patent l'échec de l'Union européenne (UE) à promulguer le sien." PAS DE CREANCES TOXIQUES "... Il s'agit de créer un fonds qui commencera à fonctionner dès ce trimestre et qui sera doté initialement de 30 milliards d'euros, un chiffre qui pourra être porté à 50 milliards (soit 4,4 % du PIB estimé pour 2009). Son objectif : acquérir auprès des banques et caisses d'épargne, étranglées par la paralysie du marché du crédit, des actifs offrant " la plus grande qualité ". Rien à voir donc avec un plan d'éclusage des actifs toxiques de type américain, souligne-t-on à Madrid, où l'on assure qu'il s'agit au contraire d'un investissement rentable : l'État n'achètera que des actifs assurant une rentabilité suffisante pour couvrir, avec intérêts, les coûts de la captation de ressources que suppose leur acquisition. Des actifs sains, donc, qui pourront ensuite être revendus dès que les marchés commenceront à se normaliser.UN PROBLEME DE LIQUIDITEL'objectif de ce fonds est en fait de compléter les injections de liquidité de la Banque centrale européenne (BCE)... mais sans les contraintes du court terme qu'impose l'institution de Francfort. Le plan n'alourdira pas le déficit public puisqu'il sera exclusivement financé par le recours à l'endettement, l'Espagne jouissant en la matière d'une large marge de manoeuvre puisque sa dette publique ne dépassera pas 36,8 % du PIB à la fin de 2008. Le plan devrait accroître ce pourcentage d'environ quatre points, une hausse qui reste limitée mais qui risque toutefois d'accroître la prime de risque exigée à l'Espagne, qui avoisine déjà les 60 points de base par rapport aux titres allemands.C'est là l'un des risques collatéraux d'une opération qui soulève par ailleurs diverses interrogations : comment sera évaluée la valeur des actifs acquis par l'État dans le contexte actuel d'absence totale de liquidité du marché ? Quels seront les critères de répartition de cette manne de deniers publics ? Et comment s'assurer que cette injection massive d'argent frais sera réellement utilisée par les banques pour prêter aux entreprises et aux particuliers et non pas simplement pour refinancer leur dette ? La réponse du ministre de l'Économie, Pedro Solbes, à cette dernière question a été laconique : " Ce n'est pas la tâche du gouvernement de dire aux banques comment elles doivent gérer leur portefeuille. " D'autant que les socialistes de Madrid, contrairement par exemple aux Britanniques, n'envisagent nullement de débarquer dans le capital des banques hispaniques.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.