Le dollar fait boire la tasse au sterling

Après quelques séances d'atermoiements, les acteurs du marché des changes ont reporté leurs faveurs sur le dollar, le propulsant à nouveau au-dessus de 1,25 pour un euro. L'aversion au risque couplée au débouclage des positions à effets de levier ont redonné au billet vert son rôle de valeur refuge en temps de crise. D'autant que les États-Unis apparaissent mieux armés que l'Europe pour assurer une relance de l'activité à moyen terme. Plus avancé dans le cycle conjoncturel, l'Oncle Sam présente aussi l'avantage sur une zone euro en ordre dispersé d'être un État fédéral, avec un gouvernement centralisé, et le président élu, bien qu'il n'entre en fonctions que le 20 janvier prochain, a bien l'intention de prendre le taureau par les cornes. Le dollar devrait y trouver son compte. Et renouer rapidement avec son point haut récent de 1,2330 pour un euro atteint le 28 octobre, contre 1,2475 hier.Le redémarrage du dollar n'a, en revanche, pas fait les affaires de la livre sterling et accéléré sa chute dans des profondeurs jamais atteintes face à l'euro. Après la publication du rapport trimestriel sur l'inflation de la Banque d'Angleterre hier, la monnaie de Sa Majesté a plongé à un record de faiblesse de 0,8415 face à l'euro, tombant à un point bas de six ans contre le billet vert, à 1,4898, tandis que son indice pondéré par rapport aux monnaies des principaux partenaires commerciaux de la Grande-Bretagne refluait à son plus faible niveau depuis douze ans. Face au dollar, la débâcle du sterling est plus mortifiante encore que celle qui l'avait vu chuter de 2 à 1,40 dollar en six mois, après son expulsion du mécanisme de change du SME en septembre 1992.risque de déflationIl faut dire que Mervyn King n'y est pas allé par quatre chemins. Le gouverneur de la Vieille Dame de la City a fait état d'un risque de déflation si les taux étaient maintenus à 3 % l'an prochain, niveau auquel ils sont tombés le 6 novembre, après leur amputation choc de 150 points de base. Bien que le loyer de l'argent britannique soit au plus bas depuis 1955, pour Matthew Sharratt, spécialiste du Royaume-Uni chez Bank of America, cette petite phrase est annonciatrice d'une grosse baisse des taux le 4 décembre, à l'issue du prochain conseil de la Banque d'Angleterre, qu'il chiffre à 100 points de base. Dans une telle hypothèse, l'écart avec le taux directeur de la Banque centrale européenne, dont les marchés n'attendent qu'une détente d'un demi-point à 2,75 %, se creuserait spectaculairement. Depuis la naissance de l'euro et jusqu'au début du mois, la banque centrale de Londres n'avait jamais pratiqué des taux inférieurs à ceux de la BCE. La livre, monnaie la plus volatile du monde, n'aurait donc pas encore bu le calice jusqu'à la lie. Isabelle Croizard
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