Les atouts de Free pour percer dans le mobile

Au lendemain de la décision de Matignon d'ouvrir la porte à un nouvel entrant dans la téléphonie mobile, la candidature de Free paraît la plus naturelle. Iliad, sa maison mère, cherche un relais de croissance alors que le marché de l'ADSL arrive à maturité. Même si rien n'est acquis, les analystes financiers travaillent sur le scénario Free. « Les chances de Numéricâble sont très réduites, considèrent les experts d'Exane BNP Paribas, en raison de sa faible flexibilité financière, due à son endettement élevé. » La majorité des analystes écarte aussi la possibilité d'un opérateur étranger venant démarrer de zéro une activité mobile en France, trop risquée sur un marché aussi mature, citant l'exemple de la contre-performance du numéro quatre espagnol Yoigo, que TeliaSonera envisagerait de vendre. En effet, l'atout principal de Free est sa base de 4,1 millions d'abonnés et sa marque déjà bien établie dans les télécoms, sur laquelle il pourra capitaliser pour lancer des offres « convergentes » incluant Internet, télévision, téléphonie fixe et mobile («quadruple-play »).ressources suffisantesSon autre force est sa situation financière saine. Ainsi l'opérateur est « le seul à disposer de la présence commerciale et des ressources financières suffisantes pour se lancer dans la 3G sans nouvel emprunt bancaire dans les douze mois » relèvent les analystes d'Oddo. Or, le besoin de financement sera moindre qu'envisagé initialement, puisque le nouvel entrant ne se verra réserver qu'un tiers des fréquences disponibles. Les analystes financiers estiment que la licence et les fréquences devraient lui revenir à 200-250 millions d'euros, auxquels il faut ajouter le coût de la construction du réseau, estimé autour de 900 millions à 1 milliard d'euros sur trois à cinq ans. Selon la Société Générale, le groupe peut emprunter entre 1 et 1,5 milliard d'euros sans se mettre en danger ou avoir besoin de lever de l'argent en Bourse. Iliad a de surcroît ralenti le rythme de ses investissements dans la fibre optique.Les barrières à l'entrée seront peut-être plus importantes du côté de l'installation des infrastructures. Les opérateurs mobiles en place affirment même qu'il est virtuellement impossible de bâtir un nouveau réseau, du fait de la difficulté à trouver des points hauts où poser des antennes. Iliad assure que les groupes d'immobilier sont prêts à louer leurs toits pour cela et rappelle que le régulateur veillera à ce que des accords de mutualisation soient conclus avec les autres opérateurs. L'opérateur contrôlé par Xavier Niel devra aussi montrer sa capacité à gérer une autre technologie.Le lancement commercial ne devrait intervenir que courant 2010, voire en 2011. Iliad a promis « des offres de rupture, agressives » et espère conquérir 10 % à 15 % de parts de marché, soit plusieurs millions d'abonnés. La Société Générale estime qu'Iliad rentabiliserait ses investissements dans la 3G avec 8 % à 10 % de parts de marché. La baisse des terminaisons d'appel, le coût d'utilisation du réseau que se facturent les opérateurs entre eux, devrait permettre à Iliad de proposer des « offres très compétitives » et de faire des « gains rapides de parts de march頻. Tous les analystes ne sont pas convaincus qu'Iliad réussisse à percer dans le mobile, notamment faute d'une couverture complète en 3G. « Même si Iliad ne devrait pas pouvoir capter plus de 5 % à 10 % du marché, cela devrait être suffisant pour peser significativement sur le marché mobile » estiment les analystes d'Oddo.Dans un marché mature, la percée d'Iliad se ferait au détriment des opérateurs existants, en particulier auprès de la clientèle sensible au prix, celle des opérateurs virtuels, et urbaine, deux caractéristiques majeures des abonnés de Bouygues Télécom. D'ailleurs, l'action Bouygues a de nouveau abandonné 3,9 % hier à 29,73 euros après avoir chuté de 7,25 % lundi. Mais tous seront touchés. Certains experts prédisent une baisse de 2 à 3 points de la marge brute d'exploitation des trois opérateurs dans les cinq ans à venir?
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