Être son propre patron, un rêve accessible

L'entrepreneuriat a le vent en poupe. Alors que le nombre de créations d'entreprises devrait, selon Christine Lagarde, battre un nouveau record en 2008, pour s'établir à 326.000 unités contre 322.000 en 2007, le statut de l'auto-entrepreneur a pour l'instant réussi son opération de séduction auprès des Français. En effet, ce statut simplifié à l'extrême (lire ci-dessous), tant sur le plan administratif que fiscal officiellement en vigueur depuis le 1er janvier, séduit chaque jour près de 2.000 entrepreneurs en herbe selon Hervé Novelli, le secrétaire d'État chargé des PME. À Bercy, on pavoise. Il faut dire que les bonnes nouvelles à annoncer sont plutôt rares actuellement du côté du « paquebot brise-crise », comme Christine Lagarde se plaît à nommer le ministère de l'Économie.« C'est un excellent remède anti-crise. Il permet aux Français de goûter rapidement et à moindre frais à l'aventure entrepreneuriale », martèle Hervé Novelli, le secrétaire d'État chargé des PME, le créateur de ce nouvel agent économique. Concrètement, selon une étude commandée par Bercy et réalisée par le cabinet de conseil McKinsey, la création de l'auto-entrepreneur, indolore pour les caisses de l'État, permettrait la création de richesses comprise entre 130 et 280 millions d'euros, notamment en intégrant dans l'économie officielle, en « blanchissant » certaines activités non déclarées. une opportunité fiscaleLe profil type de l'auto-entrepreneur est un autre motif de satisfaction à Bercy. « Les deux tiers des auto-entrepreneurs sont des personnes appartenant à la population active. Répondant parfaitement au dogme élyséen ?travailler plus pour gagner plus?, ce statut leur donne la possibilité de compléter leur revenu et de stimuler leur pouvoir d'achat », indique Hervé Novelli.Reste à savoir combien de temps durera cet engouement, une fois enregistrés les 40.000 entrepreneurs pré-inscrits avant le 1er janvier. À Bercy, on reste confiant, comptant sur la possibilité offerte aux micro-entrepreneurs d'adopter ce nouveau statut. Une possibilité offerte jusqu'au 31 mars. « Avec ce transfert, avantageux sur le plan fiscal et social, mais aussi avec l'intégration tardive des professions libérales au dispositif ? certaines professions s'étant montrées réticentes ?, cette effervescence doit encore monter d'un cran », explique-t-on au ministère de l'Économie. Alors que l'étude de McKinsey table sur la création de 300.000 auto-entreprises en 2009, Bercy vise prudemment les 200.000 unités.Ce succès est salué à l'Assemblée permanente des chambres de métiers (APCM) même si quelques aménagements sont réclamés. « La philosophie de ce dispositif est très intéressante. Toutefois, il nous semblerait judicieux d'imposer aux auto-entrepreneurs de s'immatriculer au registre du commerce et des sociétés pour pouvoir leur assurer un accompagnement, un niveau de formation adéquats », explique Alain Griset, le président de l'APCM.délicate interprétationCet engouement pour l'auto-entrepreneur et pour l'entrepreneuriat en général soulève une autre question?: témoigne-t-il réellement de la bonne santé d'une économie, sachant que 40 % des créations d'entreprises sont initiées par des demandeurs d'emplois?? Même s'il est incongru de jouer les aigris, alors que les mauvaises nouvelles économiques s'accumulent sur la maison France, la question mérite d'être posée.
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