Crédit Agricole a ouvert 2,2 millions de livrets A

Lorsque la machine Crédit Agricole se met en marche, cela produit des effets. La Banque verte a annoncé hier avoir ouvert 2 millions de nouveaux livrets A, ainsi qu'avoir enregistré 200.000 transferts de livrets existants dans les trois réseaux distributeurs historiques. Cette annonce, qui fait suite à la banalisation du produit d'épargne le 1er janvier dernier, correspond au fruit de quatre mois de préréservation. Une période où, paradoxalement, la Banque verte n'avait pas usé d'une campagne de communication massive. Elle s'est appuyée sur le réseau commercial des caisses régionales (7.000 agences) qui, lorsqu'un objectif commun est fixé, se mobilise et avance à la manière d'un rouleau compresseur : avec 20 millions de clients particuliers (une part de marché de 24 %), le réseau a su convaincre plus de 10 % de ses clients. Certes, la banque n'avance aucun chiffre sur le volume de collecte, ni sur l'origine de l'épargne, mais elle a réussi, en quatre mois, ce que la Banque Postale et les Caisses d'Épargne réunies, ont réalisé en onze ! Et encore, ces deux réseaux, anticipant la banalisation du livret, s'étaient-ils démenés l'an dernier commercialement.Pour le Crédit Agricole, ces nouveaux livrets sont le signe de ce que dans le régime antérieur au 1er janvier, « la promotion et la distribution étaient de toute évidence insuffisantes ». Une évidence à relativiser toutefois, car même s'il existe un certain nombre de livrets dont les propriétaires ignorent leur existence, on dénombre près de 52 millions de livrets A et Bleu (pour 63 millions de Français au dernier recensement). On peut penser que, parmi les « nouveaux » livrets de la Banque verte, une partie est liée à la clôture de livrets dans les anciens réseaux. À cet égard, ces derniers ont communiqué sur leurs ouvertures brutes et non nettes (défalquées des fermetures de livrets) ; il faudra attendre quelques semaines pour avoir des chiffres plus précis sur l'état réel de déplacement des forces.L'autre interrogation concerne l'origine de l'épargne. Comme l'explique Denis Tassel, associé chez Eurogroup, « les nouveaux entrants se trouvaient face à un vrai dilemme entre deux stratégies possibles : l'une, offensive, visant à équiper au maximum les clients avec ce produit populaire, l'autre, défensive, visant à préserver les encours d'épargne ». Car ouvrir des livrets A en détournant l'épargne existant déjà dans le réseau est un pari qui peut s'avérer coûteux dans la mesure où le produit est centralisé à 70 % à la Caisse des dépôts. Il faut donc être certain que la rémunération liée à la distribution (0,6 % de la collecte) compense la fuite d'épargne liquide.De toute façon, peut-être faut-il s'attendre à un essoufflement. Les chiffres publiés hier font état d'une collecte de 700 millions en novembre sur les livrets A et Bleu, soit le deuxième plus bas niveau depuis le début de l'année.
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