LBO  :  les investisseurs limitent leurs positions dans les fonds

En valeur comme en volume, le marché du LBO (rachat par effet de levier) a atteint en 2008 son plus bas niveau depuis cinq ans. Cette statistique, publiée par le fonds d'investissement britannique Bridgepoint, officialise ce que le marché pressentait : l'industrie du LBO est à l'arrêt. Résultat, jusqu'à 40 % des sociétés de capital-investissement pourraient faire faillite d'ici 2012, d'après une étude de l'IESE Business School et du Boston Consulting Group.Les investisseurs, qui voient leurs perspectives de rendement fondre, n'ont donc pas le moral au beau fixe. À un point tel que nombre d'entre eux cherchent à se débarrasser de leurs parts dans les fonds de LBO. Comment ? En les cédant sur un marché ad hoc, dit « secondaire ». Autre cas très fréquent, la vente de positions par les investisseurs pour rééquilibrer leur portefeuille entre les différentes classes d'actifs. C'est notamment le cas des fonds de pension et des fondations privées des universités américaines. Fin novembre, le fonds de pension américain CalPers, qui gère plus de 178 milliards de dollars, a vendu 27 % de ses positions dans le capital-investissement. Les universités Yale et Harvard devraient suivre. Cette dernière chercherait à céder 20 % de ses actifs investis dans ce secteur. Selon le baromètre Coller Capital, 45 % des investisseurs citent l'impératif de modifier la répartition de leur portefeuille comme motivation principale pour aller sur le marché secondaire. D'autres, comme les banques, y ont recours pour satisfaire leur besoin en liquidités.climat tourmentéDepuis septembre, l'activité « s'est considérablement accrue » sur le marché secondaire, indique Olivier Dréan, associé de Triago, spécialiste de l'activité. « Les opérations en cours que nous traitons sont trois à quatre fois plus nombreuses qu'en 2007 à la même période. Et 2009 sera une année record en termes d'activité. » Gros bémol pour les vendeurs : les transactions sur le « secondaire » se font à des prix ridiculement bas. Selon Cogent Partners, au deuxième semestre 2008, les actifs du capital-investissement s'échangeaient en moyenne à 61 % de leur valeur initiale, contre 84,7 % au premier semestre.Le climat tourmenté sur le marché du LBO pousse même certains investisseurs à quitter unilatéralement les fonds. C'est-à-dire qu'ils ne respectent plus leurs engagements auprès de ces derniers. « Personne n'a intérêt à le clamer haut et fort mais ce phénomène n'est plus seulement le fait de cas isolés », explique un acteur de la place. Ces « sorties » concernent souvent les fonds dont seulement 5 à 10 % des capitaux ont été apportés par les investisseurs. Logique : l'usage veut que les fonds conservent tout ou partie de la mise déjà investie en cas de départ prématuré de l'un des partenaires.Alexandre Madde
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