La notation des États à l'épreuve de la crise

Les souverains notés triple A pourraient bientôt commencer à se raréfier. Dans la zone euro, entre les nouveaux entrants et les conséquences de la crise, ils ne sont déjà plus que six à bénéficier du précieux sésame, sans que celui-ci ne soit remis en cause à court ou moyen terme. Lundi 12 janvier, Standard and Poor's a placé le AAA de l'Espagne sous surveillance avec implication négative. La semaine dernière, la note de la Grèce (A) avait subi le même sort. Quant à l'Irlande, elle a également reçu un avertissement, mais moins sévère : la perspective associée à son AAA est désormais « négative ». Hier, S&P a par ailleurs placé la note de la dette à long terme du Portugal (AA ?) sous surveillance négative.Traduction pour les non-initiés : en moyenne, la solvabilité financière des États de la zone euro diminue. Standard and Poor's a été la première à tirer les conséquences du retournement économique, près d'un an et demi après le début de la crise des subprimes. Mais, comme le signalent les stratèges taux de Calyon, « dans de telles circonstances, une réaction de Moody's n'est pas à exclure ». Concrètement, des abaissements de « ratings » ne devraient pas tarder. Si une note peut rester plusieurs mois sous perspective négative, un placement sous surveillance négative est généralement suivi d'une dégradation de la note en question sous quelques semaines. En tout, trois souverains de la zone euro sont donc menacés à court terme : le Portugal (actuellement noté AA ? par S&P), la Grèce et l'Espagne.« Le handicap des pays de la zone euro en période de crise vient de l'incapacité de la Banque centrale européenne à faire tourner la planche à billets pour relancer l'économie, alors que cela est possible au Royaume-Uni ou aux États-Unis », estiment les spécialistes du marché obligataire de Calyon.Pour justifier la mise sous surveillance négative du triple A de l'Espagne, dont la dette publique ne représentait pourtant que 36 % du PIB fin 2007, les analystes de Standard and Poor's évoquent, eux, « la forte dépendance de la croissance espagnole au marché du crédit », « une détérioration des finances publiques à venir » et un accroissement des déséquilibres « mis en évidence par l'ampleur du déficit courant ». Celui-ci représentait en effet environ 10 % du PIB en 2008. « Si la décision de S&P risque de soulever des questions sur l'avenir des notations des autres pays, elle témoigne surtout de l'importance de la position de la balance courante dans une situation où le durcissement des conditions de crédit complique le financement externe », expliquent les stratèges taux de la Société Générale, Vincent Chaigneau et Aro Razafindrakola.refuge du bund allemand Sur le marché de la dette souveraine, les décisions de Standard and Poor's ont incité les opérateurs à se réfugier sur le bund allemand et à délaisser les obligations des autres pays. Résultat : un creusement de l'écart entre les taux d'intérêt des pays de l'Euroland et les taux allemands. Il atteint des niveaux inédits depuis la naissance de l'euro. À titre d'exemple, l'écart entre les taux allemands et français à dix ans évolue désormais autour d'un demi-point de pourcentage, contre 3 petits points de base juste avant que la crise des subprimes ne commence à défrayer la chronique. Une mauvaise nouvelle à l'heure où tous les pays doivent financer des plans de soutien massifs à l'économie. nTraduction pour les non-initiés : en moyenne, la solvabilité financière des États de la zone euro diminue.
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