Chocolat bouillant

chronique pris sur le vifSur la planète financière qui voit fondre la valeur des actifs comme neige au soleil, il y a une notable exception : le cacao. Principal composant du chocolat, il affiche des performances spectaculaires. Sur le marché de Londres, le Liffe, son prix a bondi de plus de 70?% en 2008. Depuis le début de l'année, il oscille autour de la barre des 1.800 livres sterling la tonne, atteignant même un record historique à 1.861 livres la semaine dernière. Nombre d'études l'ont constaté, en temps de crise, le chocolat fait partie de cette gamme de produits que tout un chacun consomme pour ses vertus antianxiolitique et d'antidépresseur. Il est donc tout à fait probable que le prix du cacao reste installé sur ces hauteurs au regard d'une année 2009 qui s'annonce noire pour les économies d'une large majorité de pays. En effet, le désir de chocolat est réputé irrésistible. Pour Nicholas Snowdon, analyste chez Barclays Capital, tout dépendra cependant de l'offre. Et là, les regards se tournent vers la Côte d'Ivoire, pays africain, qui concentre à lui seul 40?% de l'offre mondiale. L'analyste note que les premiers chiffres disponibles depuis le début de l'année font apparaître une baisse de plus de 36 % en comparaison de 2008 du volume de cabosses arrivant dans les ports du pays, destinées à l'exportation. Ce n'est pas tout, il y a également un problème de qualité, sur laquelle les acheteurs se montrent intraitables. Le nouveau président de la filière, Gilbert Anoh N'Guessan, estime que désormais 17 % de la production est dégradée contre 5 % auparavant. Le phénomène s'explique par les maladies ? le cacaoyer est une plante très fragile ? mais aussi par des pratiques agricoles de moindre qualité en matière de séchage et de conservation des fèves. Sans compter l'appauvrissement structurel des sols. Cette conjoncture préjudiciable pour le pays dont le cacao est une des premières sources de revenus n'est pas sans rapport avec une situation politique qui reste fragile. Pays voisin, le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, pourrait d'ailleurs en profiter, en raison d'une meilleure gouvernance comme vient de l'attester l'élection d'un nouveau président, sans trouble majeur, preuve que l'alternance démocratique n'y est plus un vain mot. Les inquiétudes du côté de l'offre se reflètent aussi dans ce baromètre que sont les stocks dans les pays consommateurs. L'organisation internationale du cacao (ICCO) note que les inventaires mondiaux accusent une baisse de 19 % sur un an, et de 36 % si l'on ne prend en compte que ceux de l'Union européenne et des États-Unis, premiers consommateurs de la planète. En tablette ou en tasse, l'amer excitant est bien parti pour ne pas connaître cette année la déflation. nIl est tout à fait probable que le prix du cacao reste installé sur ces hauteurs au regard d'une année 2009 qui s'annonce noire pour les économies d'une large majorité de pays. En effet, le désir de chocolat est réputé irrésistible. Par Robert Jules, journaliste à «?La Tribune?»
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.