Martine Aubry verrouille sa rentrée au PS

Depuis qu'ils parlent d'une seule voix, on ne les entend pas beaucoup. » Ce constat désabusé d'une militante du PS illustre le décalage entre temps politique et temps médiatique auquel Martine Aubry est confrontée depuis son arrivée à la tête du Parti socialiste fin novembre. La nouvelle première secrétaire du PS, qui présente ce matin ses v?ux à la presse, refuse de se précipiter sur chaque micro ou caméra pour, explique-t-elle, ne pas devenir « une commentatrice » de la vie politique. Elle préfère cibler ses interventions sur l'économie et les libertés publiques, au risque d'apparaître parfois comme en retrait face à « l'omniprésident » Nicolas Sarkozy.De la communication raréfiée à la communication verrouillée, il n'y a qu'un pas qu'a franchi le député André Vallini. Il a claqué lundi soir la porte du secrétariat national, où il était chargé des questions de justice. L'ancien président de la commission Outreau, proche de l'ex-patron du PS François Hollande, a officiellement démissionné pour « des raisons personnelles », mais a fait savoir qu'il n'acceptait pas d'être « traité comme un petit garçon » par Martine Aubry. La première secrétaire lui aurait reproché de s'être exprimé dans la presse sur la réforme de la justice annoncée par le chef de l'État sans en avoir référé auparavant à la direction du parti. « Le travail du secrétariat national est un travail collectif. On attache beaucoup d'importance à la coordination des secrétaires nationaux », a répliqué hier Harlem Désir, chargé de la coordination au PS. Dans l'entourage de Martine Aubry, on souligne aussi qu'il s'agit de rompre avec « l'ère Hollande où chacun faisait ce qu'il voulait dans son coin ». François Hollande, justement, a fait sa rentrée politique dimanche, pour annoncer qu'il était « dans une démarche de travail » pour la présidentielle de 2012 et avec, en poche, un reproche adressé diplomatiquement, mais fermement, à Martine Aubry, celui de n'avoir pas intégré dans son équipe des partisans de Ségolène Royal, après l'issue mouvementée de la bataille de novembre pour la conquête de Solférino. « Cela n'a pas été possible, il faudra le faire après, et notamment pour la préparation des élections européennes », a dit l'ancien premier secrétaire sur Canal Plus. Un premier geste a été consenti par Martine Aubry. Pascal Terrasse, proche de Ségolène Royal, a été élu président de la commission nationale de contrôle financier du parti, grâce à l'appoint de voix de la direction. double menacePour les européennes de juin, qui seront un premier test pour l'équipe Aubry, soumise à la double menace des listes de « la gauche de la gauche » et du Modem, la direction a également tendu la main aux royalistes pour la constitution des listes, qui seront finalisées à la fin du mois de février. Pour le reste, Martine Aubry et Ségolène Royal ne se parlent pas « directement », selon l'aveu même de la nouvelle patronne du PS. Ségolène Royal ne sera d'ailleurs pas à Paris pour la présentation du « contre-plan de relance » du PS le 21 janvier, puisqu'elle sera à Washington pour l'investiture de Barack Obama.
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