La malchance tombée du ciel

Danny Boyle est un drôle de réalisateur. Depuis le succès international de « Trainspotting », son parcours en dents de scie le rend imprévisible. Capable du meilleur comme du pire ? parfois au sein du même film ?, il continue, imperturbable, de n'en faire qu'à sa tête. Bien malin celui qui pourra dire à l'avance ce que vaudra un de ses nouveaux longs métrages.En 2000 par exemple, le monde entier attendait fébrilement « la Plage », superproduction au succès assuré par un Leonardo DiCaprio tout auréolé par le phénomène « Titanic ». Or le film s'est joliment cassé le nez. Du coup lorsque sort, deux ans après, « 28 Jours plus tard », on ne fait pas bien attention à ce long métrage sans le sou aux airs de petite série B. Résultat : celui-ci rencontre un franc succès critique et commercial.habilité et perversitéEt aujourd'hui, juste au moment où l'on pensait ne plus rien attendre du réalisateur (après les franchement moyens « Millions » et « Sunshine »), voilà qu'il nous revient avec « Slumboy Millionaire », l'une de ses plus belles réussites. Le matériau de base du film a sans doute aidé à ce résultat. Boyle ne s'est pour une fois pas associé à son écrivain fétiche Alex Garland mais a adapté le livre de Vikas Swarup, « les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire ». Un ouvrage récompensé du prix grand public du Salon du livre de Paris en 2007.L'histoire est celle de Jamal Malik, le « slumdog » du titre, autrement dit un orphelin ayant grandi dans les bidonvilles de Bombay. Lorsqu'on le rencontre pour la première fois, le jeune homme a 18 ans, est serveur de thé dans un centre d'appels téléphoniques et? s'apprête à devenir millionnaire. Car voilà, Jamal participe à l'émission « Qui veut gagner des millions ? ». Et Jamal connaît toutes les réponses. La suite ? celle que Boyle met en images dans une succession de flash-backs ? nous entraîne dans le passé du héros. De son enfance dans les taudis à son exploitation par la pègre locale, en passant par le décès de sa mère, le gamin n'a pas baigné dans le bonheur. Le film joue habilement sur le contraste entre la pauvreté qui lui a constamment collé à la peau et la richesse ? énorme, grotesque ? qui lui pend au bout du nez. Perversité du scénario : chaque bonne réponse rapproche un peu plus Jamal de la richesse. Sauf que toutes sont liées à des événements qu'il aurait tout donné pour ne pas vivre.Le « prix » à payerOn retrouve ici un des thèmes fétiches de Danny Boyle : l'argent. Son manque, sa convoitise, les espoirs et désirs qu'il suscite, le « prix » à payer pour l'obtenir. Autre marque du cinéaste, le montage de ses images. Énergique, tendu, extrêmement efficace, sans trop plonger ? comme il lui arrive de le faire ? dans le tape-à-l'?il gratuit. Le rythme bat son plein, joue sur notre excitation et sur nos émotions. Jusqu'à une fin en apothéose. n
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