Livrets d'épargne ? : la collecte risque de s'effondrer

Confrontés à une situation économique qui n'en finit pas d'empirer, les Français sont contraints d'adapter leur attitude face à l'argent. Dans sa dernière livraison, l'Observatoire Caisse d'Épargne revient sur les principales évolutions de 2008 et esquisse les grandes tendances à attendre cette année.Premier constat, le krach boursier de septembre et d'octobre a provoqué un choc psychologique?: l'indicateur d'attrait pour l'épargne s'est alors effondré de 22 points en un mois. Mais il s'est redressé dès le mois de décembre. À y regarder de plus près, il semble que la crise ait accentué un « sentiment de fragilisation perceptible dès l'automne 2007 », qui a donné le signal de la démoralisation, relayée par les controverses sur l'inflation, le pouvoir d'achat, les finances publiques ou encore la crise de l'immobilier. Maigre consolation, le choc a été encore plus rude chez nos voisins, où les opinions négatives ont bondi de plus de 30 points entre novembre 2007 et 2008 au Royaume-Uni, en Espagne ou encore en Suède, contre 13 points en France. Sans surprise, les Français ont réajusté leurs priorités?: report des achats importants (dont l'indice est passé de -3 à -33 entre juillet 2007 et 2008), révision des habitudes de consommation (pour 34 % des Français à l'été 2008, contre 18 % un an plus tôt). L'argent est redevenu plus central pour les Français, qui sont 44 % à lui accorder la priorité (contre 33 % pour l'épanouissement, et 22 % pour le temps), comme en témoigne l'écho rencontré dans l'opinion par l'objectif de « gagner plus ». fortes ventes d'actionsDans ce contexte, l'épargne a pris une connotation plus défensive. Comme après l'éclatement de la bulle Internet, l'aversion pour le risque a poussé les Français à s'alléger en valeurs mobilières (voir graphique ci-contre), les ventes d'actions prenant nettement le pas sur les achats de supports obligataires et monétaires. En parallèle, la hausse de l'inflation a dopé les rendements de l'épargne sûre et disponible, à commencer par le livret A, passé à 3,5 % en février 2008, puis à 4 % en août, avant de retomber à 2,5 % début février. Résultat, la collecte des seuls livrets (A, Bleu, LDD, etc.) a absorbé l'an dernier plus de la moitié du flux d'épargne total. Une situation qui a accentué la décollecte sur les comptes et plans d'épargne logement, dont le rendement, à 2,5 % hors prime en 2008, n'a pas bénéficié de la même revalorisation. Enfin, l'assurance-vie a subi un sévère tassement (-28 % sur un an), les contrats en unités de compte pâtissant de leur caractère risqué, tandis que ceux en euros ont souffert de la concurrence des livrets. Mais, à en croire les prévisions de l'Observatoire Caisse d'Épargne, cette tendance devrait s'inverser en 2009, en dépit de la persistance de la crise. La normalisation des conditions de taux d'intérêt à court terme, liée au reflux rapide de l'inflation, modifie en effet « radicalement » l'attractivité des produits d'épargne disponible, au point que la collecte des livrets pourrait s'effondrer de 86 % sur un an, à seulement 7 milliards d'euros. Une évolution qui permettrait à l'assurance-vie de signer un retour en grâce, sans toutefois revenir à ses niveaux records de 2006 et 2007.
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