Le troc raté de l'ambassade de Dublin -

De l'avis des habitants du quartier, c'est sans conteste la plus belle maison de Dublin. Située au 53, Ailesbury Road, la résidence de l'ambassade de France, autrefois baptisée Mytilène, a effectivement fière allure avec ses briques blanches, ses colonnades, sa volée de marches de granit, sa dizaine de chambres spacieuses (la superficie intérieure dépasse les 1.000 mètres carrés) et son grand jardin boisé. À quelques mètres de là, au numéro 36, les services de la chancellerie sont, eux aussi, confortablement abrités dans un ravissant manoir en briques rouges de 1920. Prix de ces deux charmantes demeures : 80 millions d'euros. Du moins, c'était la valeur affichée en janvier 2008, lorsque le Quai d'Orsay s'était enfin résolu à les vendre, après plus de deux années d'interrogations. Mais comme le décrit le député Jean-François Mancel, dans un rapport parlementaire de juillet 2008, la « saga irlandaise » a tourné court. Les clients n'ont pourtant pas manqué : l'ambassade de France a reçu trois offres, dont celle du milliardaire irlandais Denis O'Brien. Seul problème : la France voulait procéder à un échange, plutôt qu'à une vente sèche. C'est ainsi que, en avril 2008, les services du Quai d'Orsay se sont rendus à Dublin pour visiter les biens proposés par Denis O'Brien. Mais le 13 mai, raconte le rapport de Jean-François Mancel, l'homme d'affaires irlandais retire sa proposition. Un mois plus tard, la France renonce à poursuivre la transaction. Une démarche complexe« La simple chronologie de cette ?saga? ? à défaut de ballade ? irlandaise démontre la complexité de la conduite d'une opération immobilière à l'étranger », note Jean-François Mancel. Pourtant, l'échec n'était pas garanti. En témoigne le troc réussi par les Canadiens en décembre 2008 : ils ont cédé la résidence de leur ambassade irlandaise, située en face de la résidence du chanteur Bono, contre la propriété rénovée d'un promoteur irlandais accompagné d'un chèque de 3 millions d'euros. Le Quai d'Orsay, qui avait demandé à Denis O'Brien d'améliorer son offre, se serait-il montré trop gourmand ? Depuis, l'écroulement du marché immobilier irlandais a rendu caduc le montage financier imaginé. Et l'ambassade s'apprête à effectuer des travaux dans ses locaux? Éric Chol
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