Les normes IFRS gagnent les pays émergents

On n'a jamais autant décrié les normes comptables IFRS. Et pourtant leur diffusion croissante prouve leur succès : à l'heure actuelle, elles sont autorisées ou obligatoires dans plus de 100 pays dans le monde. Les États-Unis ont aussi entamé la convergence. Le mouvement est loin d'être terminé ; du côté des pays émergents et en voie de développement, le processus de convergence vers les IFRS devrait s'accélérer dans les trois ans à venir. Selon le cabinet Bellot Mullenbach & Associés, 17 pays émergents sur 27 (*) interdisaient les IFRS fin 2007. Ils ne devraient plus être que 3 en 2012, 14 d'entre eux ayant entamé ou devant entamer la transition vers le référentiel international. Si les informations sont plus difficiles à obtenir pour les pays en voie de développement, l'étude a réussi à en recenser 69 sur 128 autorisant déjà les IFRS." PLUS SIMPLE, MOINS COUTEUX"Pourquoi ce choix d'un référentiel réputé complexe ? " Pour ces pays, surtout ceux émergents, qui s'ouvrent à l'international, c'est une bonne solution pour favoriser les investissements et les échanges, explique Éric Seyvos, associé chez BM & A. Cela peut aussi être un signal très politique de réforme et d'ouverture, comme au Maroc. Enfin, s'agissant des pays en voie de développement dont le référentiel local est souvent incomplet et peu adapté à l'économie de marché, adopter un référentiel abouti et déjà utilisé est plus simple et moins coûteux que de tenter d'en construire un en interne. "Les modalités de transition diffèrent selon les pays. En général, les pays en voie de développement sont plus portés à appliquer, au-delà des banques et des sociétés cotées, les IFRS au non-coté. C'est le cas notamment de l'Arménie, du Ghana ou de la Serbie. " Ce choix dépend avant tout du lien qui existe entre la comptabilité et la fiscalité ", remarque Éric Seyvos. À titre de comparaison, la France, comme 22 % des États membres de l'Union européenne, interdit les IFRS pour les comptes sociaux. Ce qui risque d'ailleurs d'aboutir à terme à la coexistence de 4 référentiels dans l'Hexagone.Adopter le référentiel international dans des pays où une partie importante des échanges économiques peut s'opérer en cash n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Une fois la décision prise de basculer, la transition se fait souvent de manière très progressive et non sans difficulté. Les reports ne sont pas rares. La donne se complique encore plus quand se construit d'emblée un référentiel " full IFRS ". Une approche essentiellement retenue dans les pays en voie de développement. Certains concepts IFRS sont en effet particulièrement difficiles d'application. L'absence ou le peu de marchés actifs dans ces pays rend ainsi délicate l'application du principe de juste valeur. Le problème risque de se poser par exemple en Algérie, où les IFRS doivent normalement s'appliquer à compter de 2010.LA THAILANDE INDECISEMais, selon Éric Seyvos, " la crise actuelle pourrait paradoxalement faciliter l'application du référentiel comptable international dans ces pays ; ses conditions d'application vont certainement être précisées, en particulier sur la question des marchés illiquides. Cela va leur donner des indications sur la valorisation des actifs quand il n'existe pas de marché actif, voire pertinent ". Ces futures améliorations pourraient convaincre certains pays où le débat n'est pas encore tranché, comme la Thaïlande, de sauter le pas.Un autre facteur de progression des normes comptables internationales dans ces pays pourrait aussi venir du futur référentiel IFRS pour PME, susceptible de constituer la solution idoine pour les sociétés non cotées concernées.(*) Selon les critères retenus par le Fonds monétaire international pour identifier ces pays.
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