Pour aider les banques, l'État va accroître sa dette

L'engagement de la France au chevet du secteur bancaire "n'aura pas d'impact direct sur les finances publiques ", a assuré hier le ministre du Budget, Éric Woerth. De fait, les mesures décidées passeront par des canaux extrabudgétaires, donc elles n'affecteront pas dans un premier temps le déficit. Cependant, si l'État devait répéter les opérations du type Dexia, où il emprunte pour prendre une participation, ou s'il devait renflouer les fonds propres des banques, alors le service de la dette, qui pèsera 41,2 milliards d'euros dans le budget de l'État en 2008, augmenterait plus que prévu dans les années qui viennent. Par exemple, si l'État était amené à consacrer l'intégralité des 40 milliards d'euros - qu'il emprunterait au taux de marché de 5 % - à la recapitalisation des banques en difficulté, alors la charge de la dette serait alourdie de 2 milliards d'euros supplémentaires.Néanmoins, objecte l'entourage du ministre, la dette générée dans ces deux cas de figure a pour contrepartie des actifs dont la valeur pourrait augmenter, ce qui au final pourrait se révéler comme une bonneopération pour l'État. Quant au dispositif payant de garantie sur les prêts interbancaires, le chef de l'État a précisé qu'il ne " s'agira pas d'un coût " pour les Français puisqu'en l'absence de " défaillance " d'un établissement, " le contribuable sera gagnant du montant des commissions encaissées sur les garanties souscrites ".EFFET DE CISEAUXSi le président choisit de voir le verre à moitié plein, Alain Lambert, sénateur UMP, remarque plutôt le verre à moitié vide. " L'État n'a plus un sou, il est en situation de grave déficit. S'il est appelé à payer, il n'aura pas d'autre moyen que d'augmenter les impôts ", assure l'ancien ministre du Budget. " Il faut que les Français sachent que l'on garantit leur épargne en prenant dans leurs poches ", ajoute Alain Lambert, qui regrette au passage que " les exécutifs fassent autant de communication et pas de finances publiques ". Mais plus que le plan de sauvetage des banques, le principal risque sur les finances publiques est à chercher du côté de l'économie réelle. Si l'activité ralentit fortement avec, à la clé, une remontée du chômage, les recettes fiscales comme les cotisations rentreront moins que prévu alors que, dans le même temps, les dépenses sociales augmenteront. L'effet de ciseaux sera alors implacable : le déficit se creusera.
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