Le président fait de la crise une arme politique

Même pris dans une crise financière sans précédent, Nicolas Sarkozy reste un pur politique. Hier, lors de sa conférence de presse, à l'issue du Conseil des ministres exceptionnel, le chef de l'État grimace lorsqu'on lui demande s'il est d'accord avec Dominique Strauss-Kahn. Pour le président (socialiste) du FMI, en effet, " le pic de la crise financière est derrière nous ". Puis Nicolas Sarkozy fait mine de s'emporter : " Une fois le calme et la confiance rétablis, la France ne laissera pas cette situation sans conséquences. Ceux qui ont fauté seront sanctionnés et ce qu'il faut changer, nous le changerons [...]. Une fois la séquence européenne close, j'entamerai une autre partie pour convaincre nos partenaires américains de la nécessité d'un sommet du G8 avec les pays émergents pour refonder le capitalisme, poser les bases d'un autre système ". C'est le retour de la " triangulation " qui a contribué à porter Nicolas Sarkozy au pouvoir.Aujourd'hui, le président s'empare sans coup férir du vocabulaire de la gauche réformiste pour s'ériger en avocat du retour de la puissance publique. " En offrant la garantie de l'État, a-t-il dit hier, nous pouvons espérer mettre un terme à la crise de confiance et ainsi à ne pas avoir à faire supporter aux Français le coût exorbitant qu'aurait une défaillance de tout le système bancaire ". Un État qui, a insisté Nicolas Sarkozy, " interviendra par tous les moyens, comme il a commencé de le faire pour le logement et pour les PME, afin que les conséquences de la crise financière soient les plus limitées possible ".DRAMATISATIONPour dramatiser au maximum sa gestion de crise, Nicolas Sarkozy continue de jouer avec son agenda. Il a annulé des interventions prévues hier matin sur le numérique ou, ce matin, sur l'emploi. Le déplacement dans les Ardennes a été remplacé par une nouvelle rencontre à l'Élysée avec les dirigeants des principales banques et compagnies d'assurances françaises. Même entièrement mobilisé sur le front économique, Nicolas Sarkozy reste attentif à tout ce qui pourrait offrir un espace politique à la gauche. Il a ainsi annoncé dimanche qu'il renonçait à extrader Marina Petrella vers l'Italie. Nicolas Sarkozy a précisé hier qu'il avait lui-même demandé à son épouse Carla Bruni, dont la famille avait fui les " années de plomb ", d'annoncer à l'ex-brigadiste qu'elle allait bénéficier d'une " clause humanitaire ". Face à cet adversaire mobile, la gauche peine à trouver les arguments d'une contre-attaque. Le Parti socialiste accuse toutefois Nicolas Sarkozy d'avoir tardé à intervenir dans la crise... Le PS qui vante la maîtrise du Premier ministre britannique Gordon Brown, socialiste... mais libéral.
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