Nationalisation de Royal Bank of Scotland et Halifax Bank of Scotland

Humiliées ! Royal Bank of Scotland et Halifax Bank of Scotland ont dû accepter hier de laisser le gouvernement britannique prendre une participation majoritaire dans leur banque, et leurs principaux dirigeants ont été forcés à la démission. Après l'annonce du plan de sauvetage mercredi dernier, le gouvernement britannique est hier passé aux actes. Il va injecter 37 milliards de livres (47 milliards d'euros) dans deux ensembles bancaires (RBS d'une part et Lloyds TSB-HBOS d'autre part). L'annonce la plus spectaculaire concerne Royal Bank of Scotland, qui accepte 20 milliards de livres (25 milliards d'euros) du gouvernement, dont un quart sous forme d'actions préférentielles. Cela donnera au gouvernement britannique une participation maximale de 60 %. Ce niveau pourrait cependant être inférieur si les actionnaires actuels décident de souscrire à une partie de l'augmentation de capital. Fred Goodwin, le directeur général, démissionne immédiatement et renonce à toute compensation financière.Pour lui, c'est un violent retournement. Il y a un an, il criait victoire en achetant ABN-Amro. Mais cette décision, qui a coûté à RBS directement 10 milliards de livres (13 milliards d'euros) a causé sa perte. Cet été, il a déjà dû procéder à une importante augmentation de capital de 12 milliards de livres (15 milliards d'euros). Hier, la banque émettait un nouvel avertissement sur ses résultats. Mais Fred Goodwin défend son action, mettant son échec sur le compte de l'incroyable contexte actuel : " L'acquisition d'ABN-Amro n'est pas la cause des problèmes. Nous aurions quand même passé des provisions sans cela. [Le problème vient] des quatre traumatisantes dernières semaines. " Le nouveau directeur général, Stephen Hester, actuel patron de British Land, réplique que des changements stratégiques seront effectués en profondeur. " Nous allons nous rééquilibrer vers notre banque de détail et vers moins de risque. "L'autre recapitalisation concerne HBOS et Lloyds TSB, qui sont en cours de rapprochement. L'entité combinée va lever au total 17 milliards de livres (21,6 milliards d'euros), dont 4 milliards d'actions préférentielles. Cela donnera au gouvernement une participation maximale dans l'entité commune de 43,5 %, si les actionnaires actuels ne souscrivent pas du tout à l'augmentation de capital. Le prix de l'acquisition de HBOS est aussi revu à la baisse de 27 %, à 8,6 milliards de livres (10,9 milliards d'euros). Andy Hornby, son directeur, démissionne.UN GILET PARE-BALLES ANTIRECESSIONAvec cette action radicale, le gouvernement assure que les banques britanniques auront un ratio de capital " core Tier 1 " de 9 %. " C'est une surcapitalisation, estime Eric Daniels, directeur de Lloyds TSB. Mais cela nous offre un gilet pare-balles contre n'importe quelle récession. " Les prochaines semaines détermineront s'il a raison.Dividendes gelés et rémunérations sous surveillanceEn apportant son aide aux banques britanniques, Downing Street impose d'importantes conditions. La première concerne les bonus. Aucun ne sera payé en cash cette année. Des paiements en actions demeurent possibles et leur paiement devrait s'étaler sur plusieurs années. Les dirigeants de RBS et HBOS qui démissionnent ont " accepté " de renoncer à leurs compensations. Gordon Brown insiste aussi pour qu'aucun dividende ne soit payé cette année. Enfin, la FSA, régulateur des marchés, met sous pression l'ensemble des banques sur la rémunération des dirigeants. Elle " recommande " que les bonus ne soient pas calculés entièrement en fonction des performances financières, mais aussi sur la base de la gestion des risques.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.