Berlin met le paquet pour restaurer la confiance

L'heure n'est plus au sauvetage de telle ou telle banque, mais à la remise en ordre de marche de l'ensemble du secteur financier. C'est de cette manière que la chancelière Angela Merkel et le ministre des Finances Peer Steinbrück ont présenté hier lors de deux points de presse distincts le plan de sauvetage historique adopté auparavant lors d'un Conseil des ministres exceptionnel. Au-delà de son astronomique enveloppe de 480 milliards d'euros, le plan affirme " le rôle de l'État comme garant de l'ordre ", a souligné Merkel.Après avoir évité le pire à la banque Hypo Real Estate, moyennant une garantie de 50 milliards d'euros, et au vu de la panique gagnant l'ensemble des marchés boursiers, Berlin a compris que même des banques saines, voire des entreprises, risquaient désormais de se trouver en panne de financement. La mesure phare du plan concerne ainsi la mise sur pied d'un fonds de stabilisation du marché financier. Sa première mission sera de résorber le problème de liquidités sur le marché interbancaire, en apportant aux établissements une garantie à leurs opérations de refinancement. L'État s'engage en l'occurrence sur un volant de 400 milliards d'euros et ce jusqu'au 31 décembre 2009. Les banques faisant usage de cette garantie devront payer une commission au moins égale à 2 % de la somme couverte. Berlin a prévu de passer par avance une provision à hauteur 5 % du total des garanties apportées, soit 20 milliards d'euros.À ces 20 milliards, que l'on peut considérer comme engagés, s'ajoutent 70 milliards qui serviront à apporter un soutien en termes de capitaux ou en capital hybride, à mi-chemin entre actions et obligations. L'État pourra en contrepartie faire jouer un droit de regard tant sur la stratégie des établissements concernés, que sur leur politique de distribution du crédit aux PME, le système de rémunérations et le dividende versé. Enfin, Berlin prévoit 10 milliards de " mou " que l'État se garde le droit d'utiliser en cas de dépassement des besoins. Au total, ce sont donc 100 milliards qu'il faut financer.CONVAINCRE LE PARLEMENTContrairement au plan américain, il ne s'agit pas d'utiliser des liquidités pour racheter des mauvaises créances plombant les comptes des banques. Toutefois, Peer Steinbrück n'a pas exclu hier d'y avoir recours. Comme cela s'est en revanche vu outre-Atlantique, l'adoption au Parlement du présent projet de loi ne sera pas une formalité. Si l'union sacrée devrait prévaloir à la Chambre des députés (Bundestag), les régions représentées au Bundesrat protestent déjà à l'idée de devoir cofinancer le plan à hauteur de 35 %, comme le projet le prévoit. Steinbrück tentera aujourd'hui d'arracher l'adhésion des ministres des Finances des Länder. Une chose est sûre, le budget fédéral souffrira de l'application du plan et du ralentissement acté de la croissance. Steinbrück a fait son deuil du retour à l'équilibre visé en 2011.
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