Les appels d'offres encore peu touchés par la crise

Malgré la crise financière, le marché des appels d'offres est resté dynamique au premier semestre. " Nous avons constaté une hausse à deux chiffres sur les appels d'offres et à trois chiffres sur les demandes d'information par rapport à l'an dernier ", indique Marc de Pontevès, responsable des appels d'offres chez Crédit Agricole Asset Management. Selon le cabinet de consultant Amadeis, 78 opérations ont été enregistrées pour un montant de 12,3 milliards d'euros au premier semestre 2008. Les entreprises se sont montrées les plus actives avec 34 opérations, suivies des groupes de retraite et prévoyance (14, dont 13 à l'initiative du Fonds de réserve pour les retraites) et des compagnies d'assurances (10). En termes de classes d'actifs, 23 appels d'offres ont été réalisés sur des produits de gestion diversifiée, c'est-à-dire mixant les taux et les actions, 9 sur les actions de la zone euro et 8 sur les monétaires (voir graphique). Les classes d'actifs traditionnelles ont donc eu la faveur des investisseurs ces derniers mois. " Les demandes ont porté sur les produits de taux et actions sur les grandes zones géographiques, produits de volatilité, mais aussi sur les supports monétaires ", a observé Marc de Pontevès. D'ailleurs, " depuis quelques mois, les appels d'offres montrent un transfert des produits monétaires réguliers vers les fonds monétaires composés de bons du Trésor ", constate Frédéric Pétiniot, directeur général d'Amadeis. Un retour en grâce de ces produits qui délivrent peu de performance mais répondent à la volonté des investisseurs de sécuriser leurs portefeuilles. Cette tendance pourrait se prolonger car " les budgets de risques sont déjà tous consommés. Les investisseurs devraient prendre peu de risques d'ici à la fin de l'année et les appels d'offres pourraient continuer à porter sur les fonds monétaires investis sur les emprunts d'État ", estime Samuel Raoul, consultant chez bfinance.ATTENTISMECe constat ne prend pas en compte la forte correction des marchés financiers de ces dernières semaines. " Même si nous n'avons pas encore les chiffres à fin septembre, il est fort à parier que le troisième trimestre sera moins bon que le début de l'année, craint Frédéric Pétiniot. Les investisseurs étant de plus en plus attentistes, un ralentissement est à prévoir sur la fin de l'année. " Et d'ajouter : " Les prises de décisions des investisseurs sont souvent longues. Cela explique peut-être que l'effet de la crise ne soit pas encore totalement pris en compte sur les appels d'offres. " Face à la crise, deux options se présentent aux investisseurs. La première consiste à se positionner pour des investissements futurs et profiter d'opportunités. " Beaucoup d'investisseurs ont des horizons de placements à long terme et voudront profiter des conditions de marché actuelles. C'est pourquoi nous observons des velléités de certains investisseurs à revenir sur les actions pour des investissements en début d'année prochaine ", souligne Samuel Raoul. Des investisseurs qui pourraient faire évoluer leur allocation stratégique à la marge notamment sur des produits de gestion alternative. La seconde est de suspendre leurs appels d'offres et d'observer le comportement des sociétés de gestion pendant cette période agitée. Ainsi Marc de Pontevès constate que " les délais de réflexion et d'analyse des réponses par les investisseurs se sont rallongés de quelques semaines ". Certains n'hésitant pas à mettre entre parenthèses leur processus d'appels d'offres en attendant des jours meilleurs.SOUS PRESSIONPour Alex Buffet, directeur du marketing chez Société Générale Asset Management, " même s'il est difficile de généraliser, certains investisseurs mettent en attente leurs appels d'offres, notamment sur les actions ". Cela permet ainsi aux institutionnels d'observer les sociétés de gestion et de mieux apprécier leurs performances. Et, même si les appels d'offres ont été jusqu'au bout du processus, " un client peut suspendre le versement des fonds à cause des mauvaises conditions de marché " , ajoute Alex Buffet. Autant dire que les sociétés de gestion sont sous pression. Car ce sont bien leurs performances d'aujourd'hui qui leur feront gagner les appels d'offres de demain.Du pain sur la planche pour les consultantsEn temps de crise, les consultants sont sollicités pour leur activité de conseil en allocation de portefeuille. Ces dernières années, ils jouaient plutôt un rôle de conseil, non seulement dans la compréhension des produits mais aussi sur la sélection d'une société de gestion. Tout en étant l'intermédiaire dans les appels d'offres. Aujourd'hui, c'est bien l'audit qui alimente une bonne partie de leur activité. " C'est dans les périodes agitées que les investisseurs ressentent le besoin de faire auditer leurs portefeuilles afin de bien évaluer les différents risques auxquels ils sont exposés ", estime Frédéric Pétiniot. Un retour aux sources dont les investisseurs semblent aujourd'hui friands. Car " nous avons des contrats de suivi avec nos clients et en ce moment cela nous prend une bonne partie de notre temps. Nos clients ont atteint leurs budgets de risques jusqu'à la fin de l'année, nous les aidons donc à choisir au mieux leurs placements aujourd'hui ", explique ainsi Samuel Raoul.
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