La Roumanie exposée aux caprices des Russes

Comme il y a deux ans lors de la première crise gazière, l'hiver est rude en Roumanie, où les températures ont atteint ces derniers jours jusqu'à ? 30 degrés. En 2006, l'arrêt des livraisons de gaz russe avait plongé le pays dans la panique. Aujourd'hui, les Roumains se demandent de nouveau s'ils pourront se chauffer jusqu'au printemps et veulent croire aux déclarations rassurantes de leurs dirigeants. Depuis mercredi 7 janvier, l'approvisionnement en gaz russe de la Roumanie est en effet au point mort. « Les réserves dont nous disposons nous assurent une autonomie de 60 à 80 jours », déclarait il y a quelques jours le ministre de l'Économie, Adrian Videanu. En même temps, plusieurs mesures ont été prises pour économiser la consommation de gaz. Après les événements de 2006, les autorités roumaines ont en effet mis en place un plan anticrise qui prévoit notamment l'arrêt de l'approvisionnement en gaz des industries au profit des consommateurs ménagers et des institutions et entreprises publiques.« mauvaise blague »Parallèlement, Moscou multiplie les amabilités à l'égard des dirigeants roumains. La semaine dernière, Vladimir Poutine annonçait au correspondant de la télévision roumaine que Gazprom serait prêt à fournir Bucarest sans l'intermédiaire des Ukrainiens, ajoutant que son gouvernement n'était pas « contre la participation de la Roumanie au projet South Stream ». Une proposition qualifiée de « mauvaise blague soviétique » par un quotidien bucarestois. En début de semaine, Vladimir Poutine a téléphoné au président roumain, Traian Basescu ? ainsi qu'à plusieurs dirigeants d'Europe centrale ? pour rejeter la responsabilité du blocage du gaz sur les Ukrainiens. La Roumanie importe à hauteur de 30 % son gaz de la Russie, le reste étant assuré par sa production interne. Mais Bucarest a toujours souhaité diversifier ses approvisionnements. Depuis sa prise de fonctions en 2004, le président roumain ne perd pas une occasion de critiquer l'influence énergétique grandissante de la Russie sur l'Europe. Après la crise du gaz de 2006, il avait proposé d'importer du gaz naturel liquéfié du Qatar. Depuis 2007 et l'entrée de la Roumanie dans l'Union européenne, le pays soutient sans réserve le projet du gazoduc Nabucco, qui permettrait d'approvisionner l'Europe en gaz sans passer par la Russie. Mais, pour l'heure, aucun de ces deux projets n'a abouti et Bucarest reste toujours à la merci des Russes. Jonas Mercier, à Bucarest
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