L'uranium de Lehman Brothers met les cours sous pression -

Six mois après être sorti du paysage bancaire, Lehman Brothers semble encore pouvoir peser sur les matières premières. Du moins sur le petit marché de l'oxyde d'uranium, où la banque avait pris une position de près de 500.000 livres, alors que les échanges ont représenté environ 40 millions de livres en 2008. Selon Bryan Marsal, le responsable de la liquidation des actifs de la banque américaine, la banque n'aurait l'intention de se débarrasser de ces « yellow cakes » qu'au meilleur prix. Mais l'afflux potentiel d'oxyde d'uranium sur le marché met les cours sous pression. Alors que les autres matières premières se redressent depuis leur plus bas en février, les cours de l'uranium continuent de plonger. Selon la dernière cotation établie par Ux Consulting, la livre d'uranium s'échangeait à 40 dollars aux États-Unis, contre 51 dollars début janvier.analystes optimistesUn recul qui s'explique mal : contrairement aux autres énergies comme le pétrole ou le gaz, la demande d'oxyde d'uranium a peu de motifs de baisse. La relance de programmes nucléaires en Europe, et le démarrage et l'accélération de constructions de centrales dans des pays comme les Émirats arabes unis ou l'Inde incite les États à constituer des stocks stratégiques. Et le redémarrage programmé après dix-huit mois d'interruption, de la première centrale nucléaire au monde, Kashiwazaki au Japon, devrait aussi alimenter la demande d'uranium. Si la demande d'électricité est impactée par la crise économique, la production d'électricité d'origine nucléaire est plutôt épargnée : les utilities ont intérêt à faire fonctionner leurs centrales nucléaires, plutôt que leurs centrales à charbon ou à gaz en cas de ralentissement économique, en raison d'un coût du combustible inférieur.Le débouclage des positions de Lehman Brothers semble donc peser particulièrement lourd sur le marché de l'uranium, qui est peu liquide. Selon la banque canadienne RBC Capital Markets, seulement 150 acteurs y interviennent. Et la quatrième banque américaine était une des rares à avoir développé un département de recherche sur la matière radioactive. Très optimistes, ses analystes estimaient que la livre d'oxyde d'uranium devrait atteindre un pic à 165-170 dollars en 2009, avant de retomber vers les 60 dollars dans les années suivantes, en s'appuyant sur le nombre croissant de centrales nucléaires en construction. Lehman Brothers détenait aussi une participation de 8 % dans l'une des rares sociétés cotées spécialisée sur les mines d'uranium, Nufcor. La société a vu son cours flancher de 30 % depuis septembre dernier.Situé au Canada, l'uranium de Lehman est «en partie détenu par Areva» a indiqué la société à «?La Tribune?» hier, le canadien Cameco détenant probablement le solde. La vente potentielle de ce stock fait vaciller le marché depuis plusieurs semaines. En indiquant que la matière radioactive a été retirée de la liste des actifs à vendre en urgence, le liquidateur pourrait permettre aux cours de l'uranium de se redresser quelque peu. Aline Robert
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