Singapour dévalue son dollar, mais surprend par la timidité de son geste -

Fortement dépendant de ses exportations, et confronté à une violente contraction de son économie, Singapour a dû se résoudre hier à « recentrer » la bande de fluctuation dans laquelle évolue sa devise, ce qui, en d'autres termes, s'est traduit par une dévaluation du dollar singapourien. Ce geste était devenu nécessaire, reconnaît la banque centrale : « depuis octobre dernier, la devise ? qui a chuté de 3,8 % contre le dollar depuis janvier ? évoluait la plupart du temps dans la fourchette basse de cette bande de fluctuation ». Largement anticipée par la communauté financière, cette dévaluation est cependant apparue, compte tenu de la violence de la chute des exportations, largement insuffisante. « Le recentrage se traduit par une dévaluation de l'ordre de 1,7 % », estime un économiste de Barclays. Selon le consensus, celle-ci se chiffrerait en effet entre 1,5 et 2 %. « La banque centrale s'est montrée très conservatrice, juge l'expert de JP Morgan, les attentes penchaient davantage pour une dévaluation de l'ordre de 4 %. » La plupart estiment que la contraction de l'économie exigeait un mouvement plus agressif.lueur d'espoirTrès ouvert sur l'extérieur, Singapour a été fortement pénalisé par l'appréciation de sa devise contre le billet vert l'an dernier (+ 9,5 %), qui lui a fait perdre ? alors que les devises coréennes et indiennes s'effondraient de plus de 20 % ? des parts de marché. La chute des exportations a d'ailleurs conduit hier le gouvernement à revoir de nouveau à la baisse ses estimations de croissance. Sur l'ensemble de l'année, celle-ci devrait se contracter de 6 à 9 % et non plus de 2 à 5 % comme le laissaient présager les estimations de janvier. Sur le seul premier trimestre, le PIB s'est effondré de 11,5 % par rapport à la même période de l'an dernier, même si, en mars, une lueur d'espoir est venue de Chine, avec une reprise des exportations (+ 14 %) à destination de ce seul pays. Dans ce sombre tableau, ce chiffre pourrait avoir largement convaincu la banque centrale de modérer son discours. Prudente, celle-ci a cependant fait preuve d'un certain optimisme, en se refusant par exemple à envisager une chute « excessive de sa devise », et donc une prochaine nouvelle dévaluation. De tels propos ont permis hier au dollar local de se redresser (+ 1 %, à 1,5017 contre dollar), sans pour autant convaincre certains économistes qui continuent de prédire un affaiblissement ? pour certains de 3,7 % ? de la devise d'ici à la fin juin. M. B.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.