Fragile accalmie politique en Thaïlande -

La Thaïlande va-t-elle réussir à tourner la page de l'instabilité politique?? La dispersion des derniers manifestants antigouvernementaux hier à Bangkok, sous la pression de l'armée, le laissait présager. Mais, prudent, le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, n'a pas voulu fixer une date pour lever l'état d'urgence qu'il a dû instaurer ces derniers jours (le troisième depuis septembre) pour contenir les violentes manifestations des fidèles de l'ancien Premier ministre, Thaksin Shinawatra, les « chemises rouges », qui réclament sa démission. Déterminés, les manifestants sont parvenus à faire annuler le sommet de l'Asean (élargi aux pays voisins) qui devait se tenir au cours du week-end dans la station balnéaire de Pattaya. Et lundi, l'armée a durci le ton (officiellement les échauffourées ont fait 2 morts et plus de 120 blessés) et amené les « chemises rouges » à cesser le siège des bureaux du Premier ministre, encerclé depuis trois semaines.popularité persistante Depuis qu'il a été chassé du pouvoir en 2006, l'ex-Premier ministre, Thaksin Shinawatra, en exil pour échapper à la prison à laquelle l'a condamné la justice thaïlandaise pour corruption, n'a pas renoncé au pouvoir. La virulence des manifestations doit beaucoup à ses appels à la révolte adressés par téléphone à ses fidèles. Mais elle est aussi le signe d'une popularité persistante du pouvoir auprès des masses rurales du pays qui se sentent tenues à l'écart de la mondialisation où s'est engagée la deuxième économie de l'Asie du Sud-Est. Celles-ci ne se reconnaissent pas dans les élites soutenues par le roi Bhumibol Adulyadej et par l'armée. À l'époque où il dirigeait le pays, Thaksin Shinawatra a accordé aux ruraux des soins médicaux moins chers, l'accès au crédit dans les villages et une meilleure éducation pour les enfants.Dans le camp adverse, celui des « chemises jaunes », on accuse Thaksin d'agir dans son intérêt personnel et d'exacerber la fracture entre les villes et les campagnes. L'ancien chef de l'exécutif thaïlandais réclame l'amnistie juridique qui lui permettrait de rentrer en possession de son immense fortune aujourd'hui en partie gelée. Pour toute réponse, la justice thaïlandaise a lancé hier des mandats d'arrêt contre l'ex-Premier ministre et douze de ses lieutenants.perte de confianceDéjà affectée par la crise internationale, l'économie du pays souffre d'une perte de confiance auprès des investisseurs étrangers. Pour la première fois depuis 11 ans, le pays va renouer avec la récession. L'activité devrait reculer de 3 %, a admis le ministre des Finances thaïlandais, Korn Chatikavanij, qui n'a pas manqué de reprocher aux manifestants de faire fuir les investisseurs et les touristes. « Les prochains 8 mois seront difficiles pour la Thaïlande », estime Maris Tarab, gérant de fonds chez ING en Thaïlande, persuadé que les investisseurs attendront plusieurs mois avant de revenir dans le pays. Les mauvaises nouvelles s'accumulent. Ces 4 derniers mois, les exportations, 70 % du PIB, n'ont cessé de diminuer en raison de la contraction de la demande internationale. Les agences de notation Standar & Poor's et Fitch pourraient encore abaisser leur notation de la dette en devises étrangères du pays. Les dépenses budgétaires additionnelles que vient de prévoir Abhisit Vejjajiva, 3,3 milliards de dollars, ne seront pas de trop pour étoffer le plan de relance substantiel qu'il a déjà annoncé (44,4 milliards de dollar sur 3 ans).
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